Pour sa vitrine cet été, Valérie Le Louarn et la librairie du Renard à Paimpol ont abandonné le thème maritime pour représenter la chambre d'un adolescent.- Photo DR

En librairie, l'été n'est pas forcément synonyme de vacances. Pour les établissements installés en zone touristique, c'est au contraire une période d'activité intense. A la librairie des Pertuis à Saint-Pierre-d'Oléron, juillet et août sont même des mois cruciaux, puisqu'ils représentent près de 60 % du chiffre d'affaires annuel. "La ville passe de 18 000 âmes à l'année à 300 000 l'été, explique son responsable Stéphane Rocton. Pour faire face à la demande, nous triplons les effectifs et ouvrons le magasin tous les jours de 8 heures à 20 heures... à l'exception du dimanche où nous fermons à 18 heures !" Fort de cet afflux, le libraire organise aussi des signatures qui se tiennent dans la rue piétonne où il est installé et, pour la première fois cette année, il entend disposer des présentoirs de livres à l'extérieur de son point de vente. "Parmi les vacanciers, il y a des gens qui n'entrent jamais en librairie. Il s'agit d'aller les capter là où ils sont, c'est-à-dire dans la rue, avec des livres ludiques ou des livres qui intéressent leurs enfants."

LECTURES PLAISIR

"L'été est une période de gestation, un moment précieux pour réfléchir et innover", note Danielle Cillien-Sabatier, directrice de Galignani à Paris.- Photo GALIGNANI

A la Librairie générale d'Arcachon, juillet et août sont également les mois les plus importants de l'année. Face à l'affluence, la responsable Anne Giraudeau élargit les horaires d'ouverture et propose de nombreuses rencontres et dédicaces notamment avec des auteurs régionaux. Actuellement en pleine préparation de son été, elle évoque aussi un ajustement de son offre avec des réassorts sur les meilleures ventes et sur les coups de coeur de ses libraires qui seront valorisés tout l'été auprès de ses clients vacanciers. Misant comme beaucoup de ses confrères en cette période sur les « lectures plaisir », Olivier Rouart, à la tête des librairies Charlemagne dans le Var (à Toulon, Hyères, Fréjus...), joue aussi volontiers la carte des opérations commerciales proposées par les éditeurs, notamment sur les livres de poche.

Ci-dessus, une vitrine de l'été 2010 sur le thème de Paris, qui vise la clientèle touristique, française et étrangère.- Photo GALIGNANI

Mais les vitrines font également, en zone touristique, l'objet de soins particuliers, permettant souvent au libraire de mettre en avant la production en lien avec sa région. Toujours très créative, la librairie du Renard à Paimpol a décidé cet été de rompre avec la tradition marine pour représenter la chambre d'un adolescent. "C'est une littérature qui se développe beaucoup, argumente Valérie Le Louarn. La vitrine, qui a été conçue par nos deux libraires, âgés chacun de moins de 25 ans, devrait interpeller." La thématique annonce aussi le réaménagement du rayon pour ados cet automne, afin de le séparer des titres pour la jeunesse. Chez Masséna à Nice, la tradition reste de mise avec, comme chaque été, l'installation d'une grande vitrine de livres en anglais, en phase avec l'afflux d'une clientèle étrangère.

STAGIAIRES OU ÉTUDIANTS EN RENFORT

Côté coulisses, l'été donne lieu aussi à des modifications d'organisation au sein des structures qui doivent faire face à un pic de fréquentation. Alors que certains libraires embauchent volontiers des stagiaires ou des étudiants, d'autres, tel Jean-Marie Aubert chez Masséna, préfèrent s'organiser avec leurs libraires pour qu'ils n'aient pas à assumer d'autres tâches que la relation à la clientèle, en particulier "entre 17 heures et 19 heures, période de forte affluence avec les retours de plage".

Mais, même pour les librairies installées dans des zones non touristiques, l'accueil et la disponibilité des équipes de vente prennent l'été une importance encore plus grande. "Ce n'est pas du tout la même ambiance, note Florence Veyrié, à la tête de La Maison jaune à Neuville-sur-Saône. Nos clients sont moins impatients, ils prennent leur temps, discutent volontiers. C'est l'occasion pour nous de leur faire découvrir le fonds." Alors qu'elle fermait les deux premières semaines d'août, elle a décidé, pour la première fois cette année, de garder sa librairie ouverte tout l'été, en aménageant toutefois les horaires avec notamment une fermeture entre 12 heures et 15 heures. "Les gens fragmentent de plus en plus leurs vacances, ce qui maintient une activité basse mais continue, que nous n'avons pas les moyens de négliger", explique-t-elle.

En Ile-de-France et à Paris, l'été est souvent aussi une période particulièrement calme. Mais si certains ferment quinze jours, voire un mois, d'autres en profitent pour prendre du recul. "C'est une période de gestation, un moment précieux pour réfléchir et innover", observe Danielle Cillien-Sabatier, directrice de Galignani à Paris.

De manière plus radicale, certains libraires profitent de l'été pour réaliser d'importants travaux dans leur magasin. Ainsi, cette année, Vivement dimanche à Lyon s'agrandira. A Puteaux, L'Amandier profitera de sa fermeture annuelle les deux premières semaines d'août pour déménager : se rapprochant du coeur commercial de la ville, la librairie s'installera dans un local de 120 m2, deux fois plus grand que l'actuel. De même, les mois de juillet et août seront mis à profit à la librairie des Halles à Niort pour agrandir la surface de vente, via la transformation d'un local qui servait de remise, et pour changer de mobilier, de façon à pouvoir accueillir davantage de fonds. Autant d'initiatives à découvrir à la rentrée.

12.02 2016

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