4 mai > Premier roman France

Connaissez-vous la Mesménie ? Non ? C’est normal : il s’agit d’un pays né de l’imagination facétieuse de la primo-romancière Fabienne Betting. Thomas Lagrange, le narrateur de Bons baisers de Mesménie, n’y a jamais mis les pieds, ce qui ne l’empêche pas de répondre à une annonce trouvée dans un journal : "Recherche traducteur pour le mesmène vers le français. Rémunération très bien." Employé dans un McDo, ce jeune Parisien a suivi des cours de mesmène à la Sorbonne lorsqu’il préparait un diplôme en littérature et civilisation russes, abandonné depuis. Mais son engouement pour la langue était motivé par l’attraction obsessionnelle (et fantasmée) que lui inspirait Mali, la jeune et séduisante professeure. Sous l’œil désapprobateur de Sandrine, sa compagne, qui aurait préféré qu’il trouve "un vrai boulot". Il démissionne néanmoins pour se consacrer à la traduction d’un roman à l’eau de rose contant les amours d’une septuagénaire mesmène. Suivent des pages hilarantes sur les nombreux écueils que rencontre notre traducteur improvisé : délais très courts, manque d’intérêt pour l’histoire, problèmes de vocabulaire (est-ce vraiment grands coups de coton-tiges" que se battent "les sauvages barbares" ?). Difficultés qui lui font prendre beaucoup de libertés avec le texte et remplacer la plupart des scènes érotiques par des considérations historiques ou géopolitiques.

Les affaires se compliquent quand, à la sortie du livre, le traducteur se retrouve crédité comme auteur et que l’obscur petit pays devient célèbre à la suite de la découverte d’un gisement de "Terres rares" censé "révolutionner le monde des énergies vertes", propulsant le livre en best-seller. Fabienne Betting décline ainsi avec un grand sens de la comédie toute une série de thèmes - vie de couple, monde du livre, polémiques écologiques contemporaines -, tandis que l’on s’amuse des déboires de ce sympathique velléitaire. Véronique Rossignol

Les dernières
actualités