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Afin de défendre le bâtiment de Dominique Perrault contre ses détracteurs, Emile Biasini, secrétaire d’Etat en charge des grands travaux (de 1988 à 1993), avait coutume de comparer la polémique qui accompagnait la construction des quatre tours - telles des livres ouverts, selon Dominique Perrault - à celle qui s’était rapidement amplifiée à propos de la pyramide du Louvre. Et d’ajouter : malgré les critiques, la Pyramide fut un immense succès, reconnu de tous, il en sera donc de même du bâtiment de la Très Grande Bibliothèque, future Bibliothèque nationale de France (BNF).

L’affaire est plus compliquée, et la BNF semble souffrir de la malédiction du bâtiment. Trop grand, aux abords difficiles, peu adapté à la conservation des livres, si près de la Seine dont on redoute une crue prochaine, et surtout un bâtiment qui n’est pas vraiment parvenu à devenir accueillant.

L’immensité y revêt quelque chose de majestueux, à l’image de ce que doit être un lieu patrimonial. Mais il manque l’autre face de l’histoire : la BNF demeure d’un accès difficile, presque hostile à celui qui s’y rend.

J’y ai fréquemment travaillé pour mes recherches, je suis souvent venue participer à des colloques, poussant ces portes trop lourdes pour arriver dans des lieux peu fréquentés. Il faut inventer la bibliothèque de demain, patrimoniale, rayonnante, vivante, ouverte.

La BNF est un lieu de recherche. Elle doit être la maison des débats, celle des intellectuels, des chercheurs, et des publics avides de mieux comprendre le cours du monde. Celle où on se plairait à se rendre. Elle pourrait faire vivre une sorte de nouvelle "Université de tous les savoirs".

La BNF doit être ouverte sur le quartier et sur la ville, attentive à diversifier ses publics (je me rappelle y avoir amené mes étudiants du 93, qui ignoraient jusqu’à l’existence de ce lieu, et leur bonheur à découvrir les expositions comme les lieux de travail).

Institution patrimoniale, la BNF doit proposer le patrimoine à tous ceux qui entendent le découvrir, en France et au-delà des frontières. Elle a su tisser des relations fortes avec les autres bibliothèques patrimoniales, en France comme à l’étranger. Elle sera plus que jamais, en la matière, le lieu des complémentarités vertueuses entre le tangible et le numérique.

La BNF doit rayonner plus encore. Pourquoi ne pas envisager qu’un pays y soit son invité privilégié chaque année ?
 

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