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Chantelivre tient la note

Alexandra et Boris Flacsu, à la tête des trois librairies Chantelivre. - Photo photomontage olivier dion

Chantelivre tient la note

La plus emblématique des librairies jeunesse, qui a joué la carte de la déspécialisation au début des années 2000, fête ses 40 ans en pleine santé. L’occasion pour les dirigeants de réaffirmer leur confiance en l’avenir.

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Par Clarisse Normand,
Créé le 19.09.2014 à 02h32 ,
Mis à jour le 19.09.2014 à 11h42

Le dimanche 21 septembre, Chantelivre ouvrira exceptionnellement son magasin parisien, situé rue de Sèvres dans le 6e, afin de fêter ses 40 ans avec un riche programme d’animations. Ce sera l’occasion pour la librairie de couper court à certaines rumeurs et d’affirmer que l’établissement "n’est ni vendu ni à vendre", comme l’assure Jean-Louis Fabre, codirecteur général, avec son cousin Louis Delas, du holding détenant, outre les maisons d’édition L’Ecole des loisirs et Rue de Sèvres, les libraires Chantelivre à Paris, à Issy-les-Moulineaux et à Orléans. S’ils reconnaissent que les sollicitations immobilières sur le précieux emplacement dont ils sont propriétaires ne manquent pas, les dirigeants assurent n’avoir aucune intention de s’en séparer. Il est vrai qu’il contribue à l’identité de la librairie et que celle-ci affiche une santé "exemplaire", selon Louis Delas.

Une logique de contrepied

Après avoir réussi le pari de sa spécialisation jeunesse, l’établissement, qui fut le premier en 1974 à ouvrir avec une offre entièrement dédiée aux enfants et devint par la suite la référence du secteur, a aussi réussi, trente ans plus tard, en pleine explosion du livre jeunesse, celui de sa déspécialisation. "La logique du contre-pied est notre marque de fabrique et c’est une voie porteuse", assure Louis Delas. Motivée en partie par le durcissement de la concurrence, l’ouverture aux adultes visait également, selon Jean-Louis Fabre, à "éviter une certaine sclérose. Le risque, et donc la limite, d’une librairie spécialisée est de s’enfermer dans sa spécialisation et, par un effet de snobisme, de se couper de sa clientèle". Outre la création de deux librairies généralistes, en 2001 à Issy-les-Moulineaux, en association avec Pierre-Gilles Flacsu, libraire de Chroniques à Cachan, puis en 2009 à Orléans, Chantelivre Paris s’est ouvert en 2005 aux adultes. Si, dans son évolution, la librairie parisienne a peut-être un peu perdu de sa spécificité, elle y a gagné sur le plan économique. D’une part "le développement de l’activité adulte ne s’est pas fait au détriment de l’activité jeunesse, mais il l’a au contraire dopée", observe Jean-Louis Fabre, d’autre part Chantelivre en a profité pour rationaliser ses stocks et faire évoluer ses méthodes de commercialisation et de gestion. Au dernier exercice clos le 30 avril 2013, le CA de Chantelivre Paris s’est élevé à 4 millions d’euros (à comparer à 2,5 millions il y a dix ans) et celui de l’ensemble des trois librairies a atteint 7 millions d’euros, en hausse sur l’année de 5,5 %. Une performance que compte bien réitérer le réseau placé sous la direction d’Alexandra et Boris Flacsu.

Ayant pris, il y a deux ans, la succession de leur père à la tête des trois librairies Chantelivre, ils s’inscrivent dans la même lignée et revendiquent "une logique de moyen-long terme basée sur la qualité, la sélectivité et l’humain". Pour Alexandra Flacsu, "c’est sur les équipes que repose l’unité d’image des trois librairies Chantelivre, qui ont par ailleurs des physionomies assez différentes (taille, assortiment, représentation du secteur jeunesse…). Nous demandons à nos libraires d’avoir des compétences, le sens de l’accueil, l’esprit de service et l’envie de vendre. Pour des questions de rationalité, nous avons, depuis quatre ans, un acheteur central qui reçoit les représentants et gère les premières mises en place… mais après ce sont les libraires qui décident des réassorts et des retours. Il est essentiel de leur laisser la main sur l’offre."

Revendiquant l’indépendance des libraires au sein d’un groupe lui-même indépendant, puisque appartenant toujours à la famille fondatrice, Chantelivre creuse son sillon mais reconnaît "ne pas être structuré pour croître de façon agressive". "Si nous voulons ouvrir de nouvelles librairies, argumente Louis Delas, nous devons avoir les hommes pour bien les faire vivre. Pour l’heure, il n’y a pas de projet mais nous restons attentifs aux opportunités"

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