Nouvel éditeur

Après avoir assuré durant quarante ans la direction littéraire de La Différence, Colette Lambrichs se lance dans une nouvelle aventure avec la création des éditions du Canoë, - diffusées et distribuées par le CDE-Sodis -, dont les premiers titres paraîtront en mai. Une "question presque de vie ou de mort" pour l’éditrice de 71 ans qui a difficilement vécu le dépôt de bilan, en juin 2017, de La Différence. "Nous avions créé cette maison en 1976 avec mon compagnon Joaquim Vital (disparu en 2010, NDLR) et construit un catalogue magnifique : c’est un peu l’œuvre d’une vie", raconte Colette Lambrichs. Pour l’heure, cette dernière ne sait pas ce qu’il adviendra du fonds de la maison. "J’ai voulu créer autre chose, continuer, pour ne pas rester dans la nostalgie et le regret."

C’est seule que l’éditrice a décidé de lancer sa nouvelle structure afin d’être libre de ses choix éditoriaux. La ligne du Canoë sera généraliste avec des essais, de la littérature, des ouvrages grand public… Cependant, elle souhaite autant que possible "réunir l’art et la littérature", comme en témoignent les trois premiers titres que publiera simultanément la maison le 4 mai. Chacun d’entre eux est accompagné de dessins ou de peintures. Le récit de Claire Fourier, Tombeau pour Damiens est ainsi illustré de 8 peintures de Milos Sobaïc, André Bouny a lui même fourni 40 de ses dessins pour Viêt Nam, voyages d’après-guerres tandis que le texte de Jean Pichard Lisbonne disparaît comprend quatre dessins de Daniel Nadaud. "A côté des ouvrages courants, je vais, quand c’est possible, réaliser des exemplaires de tête, numérotés, sous étui, avec un dessin ou une gravure", détaille Colette Lambrichs qui prévoit d’organiser des expositions pour accompagner les publications.

Consciente des risques que représente le lancement d’une maison, l’éditrice ne publiera pas plus de 6 titres par an et fera tout par elle-même, relations presse comprises. Elle a aussi pu s’appuyer sur de nombreux soutiens. Des auteurs de La Différence ont souhaité la rejoindre, tandis que l’artiste argentin Julio Le Parc a dessiné le logo de la maison. "Et j’ai eu la chance que Philippe Thureau-Dangin, directeur des éditions Exils, me tende la main pour abriter la maison et m’aider à être diffusée-distribuée par le CDE-Sodis", précise-t-elle. Si Colette Lambrichs a choisi le nom de Canoë, c’est qu’elle voit dans cette frêle embarcation, qui a pourtant "porté de nombreuses civilisations à la rencontre du monde", une métaphore de sa propre entreprise. Qu’elle espère mener le plus loin possible. Pauline Leduc

23.02 2018

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