30 octobre > Essais Espagne

Cela ne devait pas faire un pli. Quelques semaines seulement après le début de l’insurrection en juillet 1936 et alors que le gouvernement de la République en Espagne était en toute hâte transféré vers Valence, Madrid allait tomber, Madrid se mourait. Dans cette ville qui n’abritait plus que rumeurs et courants d’air, il ne restait plus ni combattants ni témoins. Pourtant, général d’une armée morte, José Miaja "tint" la capitale qui devait tomber en cet été 1936 et ne rendit les armes qu’en mars 1939. Et deux ans après le début de ces combats, Manuel Chaves Nogales se fit le chantre en même temps que le greffier de cette gloire paradoxale dans de plus ou moins obscurs journaux mexicains et anglais. C’est avec ces textes que l’on avait cru perdus à jamais, ces chapitres comme autant d’instantanés où la sidération le dispute à l’héroïsme que Quai Voltaire poursuit son travail d’exhumation (difficile, tant beaucoup a été dispersé dans le vent de l’Histoire et que l’essentiel est posthume) de l’œuvre de Chaves Nogales. L’éditeur l’accompagne d’un autre volume, tout aussi inédit et passionnant, Chroniques de la guerre civile. On comprend mieux pourquoi Chaves, par son sens de la scène, de l’effroi, se rapproche d’Orwell, de Kessel, de tous les grands témoins de son temps. On assiste, terrifié autant que fasciné, à la prise de conscience d’un homme qui se définissait comme "un petit-bourgeois libéral, citoyen d’une république démocratique et parlementaire". Et on découvre que sa tragédie nationale n’est que le prologue d’un désastre plus grand encore. O. M.

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