LOBBYING

Défendre le livre à la Commission européenne

Aurélie Filippetti au côté de Martin Schulz, candidat des socialistes à la présidence de la CE. - Photo Olivier Dion

Défendre le livre à la Commission européenne

La France a tenu son rôle au Forum de Chaillot : expliquer l’importance de la culture et du livre dans l’UE à la veille d’échéances politiques importantes.

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Par Hervé Hugueny,
avec Créé le 10.04.2014 à 19h32 ,
Mis à jour le 11.04.2014 à 00h00

Elle a failli ne pas être sur la photo. Mais Aurélie Filippetti, ministre de la Culture fraîchement confirmée, a bien pu conduire ce forum qu’elle préparait depuis novembre dernier, qui a réuni une vingtaine de ses homologues européens au palais de Chaillot (voir les comptes rendus sur Livreshebdo.fr). Intitulée "Avenir de la culture, avenir de l’Europe", la manifestation des 4 et 5 avril a rempli les 1 250 places de la grande salle Jean-Vilar de professionnels de tous les secteurs culturels, donnant ainsi du poids à cet exercice de lobbying destiné à la future Commission européenne. Il s’agissait aussi de placer quelques jalons dans la future campagne pour les élections au Parlement européen, prévues le 25 mai en France.

Stratégie.

Exprimé dès le discours d’ouverture de la ministre, répété dans "l’appel des artistes" et soutenu par la visite du président de la République, le message était : il faut une stratégie européenne de la culture au-delà de la libre circulation des biens et services, car le libéralisme écrase la diversité au profit des blockbusters et best-sellers américains et de leurs diffuseurs. A l’arrière du palais de Chaillot, le Centre national du livre (CNL) tenait ses Rencontres avec des organismes européens similaires, aussi à la demande de la ministre, pour tisser un réseau d’influences auprès des instances européennes.

Le livre est un secteur politiquement tranquille : organisé autour d’une loi qui jouit d’un large consensus, il est peu gourmand en subventions et socialement sans problème apparent. Economiquement, c’est plus ambivalent. Certes, les Européens contrôlent l’essentiel de l’édition américaine. Mais ses actionnaires l’ont vendue car ils ne la jugeaient plus assez rentable, distancée par les géants des nouvelles technologies. Ceux-ci s’emploient à vider de l’intérieur les industries de contenus. Rompus au lobbying, ils ont compris l’intérêt de se présenter devant les responsables de la Commission comme de grands fluidificateurs culturels, motivés par la seule ambition de favoriser l’accès au savoir. L’objectif du Forum et des Rencontres était d’organiser la riposte, ce dont personne d’autre en Europe ne veut se charger.

Hervé Hugueny

10.04 2014

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