Certains n’ont pu contenir leur impatience. Attendu le 3 janvier, Celle qui fuit et celle qui reste d’Elena Ferrante (Gallimard) est apparu sur les tables de dizaines de libraires dès les derniers jours de décembre, au point de se hisser au 37e rang des meilleures ventes de romans pour la semaine du 26 décembre au 1er janvier (voir p. 50). Au même office, la version poche du deuxième tome, Le nouveau nom, et Le cas Malaussène de Daniel Pennac ont connu la même aventure.

Cette indélicatesse a particulièrement agacé les libraires qui s’astreignaient à respecter la date de mise en vente. "Sidéré qu’un certain nombre de libraires se laissent aller à ces pratiques", Pascal Thuot, de Millepages (Vincennes), déplore ces "irrégularités dommageables pour l’ensemble de la profession. D’un point de vue éthique, on va droit dans le mur en donnant, en plus, à Amazon les outils pour nous plomber".

Problème : qui pour faire le gendarme ? Même s’il a "rappelé à l’ordre" certaines des librairies du groupe, contrevenantes, le directeur commercial de la littérature de Gallimard, Jean-Charles Grunstein, se refuse à endosser ce rôle. "Il n’y a pas de police à faire, c’est à chacun de prendre ses responsabilités et de se souvenir de ce pour quoi ces règles ont été faites." Au SLF, où l’on déplore aussi de tels débordements, Hélène Clemente, chargée de mission pour les questions commerciales, affirme "travailler sur le sujet" mais reste "confrontée à des contraintes juridiques". Si des pistes sont évoquées, comme l’introduction du respect de la date de mise en vente dans les conditions générales de vente des diffuseurs, aucune ne satisfait, pour le moment, les différents partenaires. C. Ch.

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