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Dossier Classes préparatoires : les prépas se recomposent

Olivier Dion

Dossier Classes préparatoires : les prépas se recomposent

Après la réforme des programmes de 2013-2014, qui a tiré le marché du livre à destination des classes prépas, le secteur a retrouvé son rythme de croisière. Mais il continue à innover, et l’arrivée à la rentrée prochaine de Studyrama pourrait bouleverser les équilibres en place.

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Par Charles Knappek,
Créé le 02.05.2016 à 13h30

Le vent du renouvellement souffle encore sur les livres pour les classes prépas. Alors que le marché entre dans une phase de consolidation après la réforme des programmes de 2013-2014 et que le retour de l’occasion affecte le niveau global des ventes, Studyrama annonce son arrivée en force pour la rentrée prochaine. L’éditeur, qui se cantonnait jusqu’à présent à de la méthodologie, de la géopolitique, ou aux thèmes de français-philo et de culture générale, abordera de front le programme des classes prépas scientifiques et commerciales avec une vingtaine de titres qui devraient paraître avant l’été. "Studyrama est réputé sur les thématiques d’orientation, mais nous avons réalisé qu’avec cette légitimité très forte, nous sommes aussi attendus sur le marché des prépas", explique Frédéric Vignaux, directeur des éditions. S’il n’en dit guère plus sur le contenu de son offre, Frédéric Vignaux annonce tout de même que les manuels seront commercialisés au sein d’une nouvelle collection, au nom encore inconnu. Pour faciliter son implantation, outre la diffusion classique, Studyrama pourra s’appuyer sur la centaine de salons auxquels il participe chaque année en partenariat avec des libraires locaux.

"Nous avons anticipé la baisse du marché en maintenant un rythme de parution suffisant." Eric d’Engenières, Dunod- Photo OLIVIER DION

Parallèlement à cette offensive, l’éditeur alimente le fonds Bréal, marque qu’il a rachetée en 2014 alors qu’elle rencontrait d’importantes difficultés financières et dont certains titres continuent de bien vivre, en particulier dans les prépas commerciales. Pour accompagner le redéploiement de Bréal, l’éditeur publie des cahiers de vacances sous la marque Bréal et annonce pour cette année la mise à jour des manuels de géopolitique. Il espère ainsi concurrencer Nathan, leader sur le créneau.

"Les ouvrages sortent vite des rayons s’ils ne se vendent pas. Nous nous battons pour qu’ils ne soient pas déréférencés en offrant de bonnes conditions aux libraires." Manon Savoye, Ellipses- Photo OLIVIER DION

 

Conservatisme des achats

 

L’arrivée de Studyrama bousculera-t-elle un marché dominé par Ellipses et par Dunod ? Selon nos données GFK/Livres Hebdo, ces deux éditeurs pèsent à eux seuls plus de la moitié du chiffre d’affaires des douze derniers mois. Mais leurs positions sont Entré dans le jeu en 2013, Vuibert pèse aujourd’hui 4,5 % du marché en valeur. La filiale du groupe Albin Michel complétera en juillet son offre avec sept nouveautés en prépas scientifiques dans sa collection "Vuibert prépas". Ce volet de parutions concerne aussi bien des tout-en-un (4 titres) que des ouvrages d’entraînement (3 titres) dans une série intitulée "Méthodes, exercices, problèmes". "Compte tenu de notre arrivée récente sur le marché, nous sommes très satisfaits de nos résultats et optimistes pour la suite, indique François Cohen, directeur de Vuibert. Les étudiants de prépas veulent des tout-en-un et des ouvrages d’entraînement pour se perfectionner. Nous nous en tenons à ces deux catégories qui fonctionnent très bien. Je ne crois pas au parascolaire en prépas."

Les éditeurs historiques bénéficient cependant de leur antériorité sur un marché qui se caractérise aussi par un conservatisme dans les comportements d’achat. "Très souvent, les parents des élèves de prépas ont eux-mêmes suivi ce cursus. Ils se tournent naturellement vers les éditeurs qu’ils ont connus pendant leurs études", note Alexis Cadars, responsable du rayon universitaire à la librairie Gibert Joseph de Versailles. Ce qui, sans les décourager, complique parfois l’arrivée de nouveaux acteurs. "Les nouveaux entrants ont besoin de temps pour trouver leur public, ajoute le libraire. Les étudiants de prépas veulent être rassurés et misent sur les valeurs sûres." Même si parfois les lignes bougent : "Certains de nos titres se vendent mieux en année 2 car le bouche-à-oreille commence à se mettre en place, relève François Cohen, chez Vuibert. Nous sommes dans une démarche de longue haleine, mais la dynamique est très positive."

Les leaders, s’ils souffrent du tassement des ventes inhérent à la fin de "l’effet réforme", conservent de solides positions. "Nous avons anticipé la baisse du marché en maintenant un rythme de parution suffisant, notamment sur des titres importants que nous n’avions pas encore publiés depuis la réforme", indique Eric d’Engenières, directeur éditorial classes préparatoires et concours chez Dunod. Un titre comme Géologie BCPST, paru en juillet 2015, a tout de suite rencontré son public. "Il y avait une véritable attente. Pourtant nous ne couvrons pas encore toutes les matières dans cette filière." Du côté d’Ellipses, la directrice éditoriale, Manon Savoye, reconnaît aussi que le marché est "difficile". "Mais, poursuit-elle, cela fait des années que cela dure, notamment en raison de la diminution de la taille des rayons parascolaire et universitaire dans les librairies. Les ouvrages sortent vite des rayons s’ils ne se vendent pas. Nous nous battons pour qu’ils ne soient pas déréférencés en offrant de bonnes conditions aux libraires."

Baisse du budget disponible

Pour certains éditeurs spécialisés dans la méthodologie ou les annales, la réforme n’a eu qu’un impact limité sur le cœur de leur catalogue. "Cette année, c’est la première fois depuis l’entrée en vigueur de la réforme que les étudiants ont pu acheter des corrigés de concours du nouveau programme, explique Sébastien Desreux, gérant de H&K. Pour le reste, nous avons continué à vendre normalement l’ensemble de nos titres." Concernant la tendance générale, l’éditeur note tout de même "une baisse du budget moyen disponible" et précise que "les gros ouvrages séduisent moins ; à l’inverse, les petites collections de fiches fonctionnent très bien".

Déjà présentes en pointillé sur le marché des prépas, notamment via leurs ouvrages de géopolitique, les Presses universitaires de France (Puf) y mettent un orteil de plus, mais sans se départir de leur positionnement multidisciplinaire. L’éditeur investit en effet le segment des épreuves d’actualité avec Actualité 2015 : concours et examens 2016, paru en janvier, qui cible les préparationnaires aux concours des grandes écoles de commerce, des IEP, mais aussi de la fonction publique. "Il s’agit d’une vraie nouveauté, souligne Fanny Bouteiller, responsable d’édition aux Puf. Le but est de millésimer le livre s’il trouve son public. Sur ce type d’ouvrage, la prescription est un levier fondamental. Nous avons envoyé des spécimens aux professeurs de géopolitique. Les concours ont lieu en avril-mai, la fenêtre de tir est donc courte." Pour le reste, les Puf continuent de s’appuyer sur "Major". C’est d’ailleurs dans cette collection que paraîtra en juin Géopolitique des Etats-Unis d’Amérique.

Chez Hachette Supérieur, qui s’était "mis en retrait" du marché depuis l’entrée en vigueur des nouveaux programmes, un timide retour a été amorcé à la rentrée 2015 avec trois titres dédiés aux prépas scientifiques dans la collection "Exos résolus". Mais la parution tardive des ouvrages, fin octobre, "n’a pas permis d’obtenir des résultats probants", confie Cécile Labro, la directrice des départements parascolaire, enseignement supérieur et pédagogie. L’éditeur attend donc beaucoup de la prochaine rentrée pour tirer les enseignements de son nouveau positionnement, lequel fait la part belle aux contenus pratiques, quand les ouvrages plus lourds étaient jusqu’alors privilégiés.

En revanche, Hachette Supérieur reste actif sur les titres multicibles, intéressant à la fois les élèves de prépas et les étudiants en droit ou en comptabilité… Une nouvelle édition de l’introduction à l’Economie politique en trois tomes de Jacques Généreux est par exemple annoncée avec une maquette modernisée. "Ce sont de petits livres au format poche, idéaux pour préparer les concours, analyse Cécile Labro. Nous allons les proposer à 9,95 euros, contre 11,90 euros jusqu’à présent. Nous constatons que les étudiants achètent moins, nous nous positionnons donc sur un prix plus abordable."

 

Synthèse

 

Cette démarche a du sens dans la mesure où "les élèves de prépas qui viennent nous voir s’appuient sur des cours très complets et demandent surtout des livres bourrés d’exercices difficiles", souligne Alexis Cadars, chez Gibert Joseph Versailles. En la matière, Ellipses reste de loin le leader, avec une offre très étendue. Encore l’été dernier, l’éditeur a lancé une nouvelle collection intitulée "Savoir & faire en prépas" pour les filières scientifiques. "Elle est extrêmement synthétique, centrée sur la méthode et l’entraînement, indique la directrice éditoriale Manon Savoye. Elle comprend déjà une douzaine de titres et a connu un bon démarrage." Tec & doc Lavoisier s’est lui aussi converti aux ouvrages de synthèse avec la collection "L’indispensable en prépas", lancée l’an dernier dans chacun des quatre principaux cursus scientifiques (MPSI, PCSI, MPSI, BCPST). "C’est notre première collection par filières, elle s’est très bien installée auprès des étudiants, se félicite Fabienne Roulleaux, directrice éditoriale. Nous allons poursuivre à la rentrée son déploiement en direction de la deuxième année. Cela permet de créer un nouvel appel d’air." Les titres, qui comprennent tout de même 700 pages en moyenne, sont vendus 39,90 euros, soit en deçà des prix habituellement pratiqués par Lavoisier dans ses deux grandes collections "Compétences prépas" et "Performance concours".

A défaut de lancement de nouvelles collections, les ajustements s’opèrent aussi dans la refonte des manuels, la parution ponctuelle de nouveautés, voire des initiatives plus originales… "Après la réforme des programmes, nous avons eu une certaine liberté pédagogique concernant la composition des ouvrages, se souvient Eric d’Engenières, chez Dunod. Avec l’expérience des premiers concours, nous pouvons maintenant adapter nos contenus aux enseignements tels qu’ils se pratiquent." Côté nouveautés, Nathan a publié fin avril A literary guide, la dernière mouture de la série à succès "Guide". Leader en prépas commerciales sur le marché de la géopolitique, l’éditeur a conforté les positions de sa collection "Nouveaux continents" en offrant l’an dernier aux étudiants un fascicule gratuit intitulé Décrypter l’actualité. "L’initiative a été appréciée des étudiants. Le fascicule leur a permis de mettre à jour leurs connaissances tout en continuant à travailler sur les manuels, qui sont réactualisés tous les quatre ans", indique Séverine Martineau, directrice éditoriale adjointe chez Nathan. L’éditeur renouvelle l’opération cette année, mais cette fois le fascicule comprendra sept cartes commentées.

Sur un terrain plus inattendu, H&K lancera cet été la série "Les guides mangas". Il s’agit à l’origine de titres parus chez l’éditeur japonais Ohmsha et traduits par l’américain No Starch Press. H&K traduit de l’anglais deux premiers tomes consacrés à la mécanique et à l’analyse. "Ce ne sont pas des ouvrages de vulgarisation, précise Sébastien Desreux. Ils sont pédagogiques, avec beaucoup d’exemples et d’exercices. Ils répondent vraiment aux attentes des étudiants des prépas scientifiques."

Les prépas en chiffres

Le marché des forts en thème

 

Les thèmes de français-philosophie et de culture générale figurant respectivement au programme des prépas scientifiques et des prépas commerciales permettent aux étudiants de "faire la différence" lors des concours d’entrée aux grandes écoles. Les éditeurs se livrent une concurrence acharnée pour ces épreuves particulièrement redoutées.

 

"Les étudiants veulent être mieux accompagnés, avoir des conseils méthodologiques, des exemples d’épreuves corrigées." Fanny Bouteiller, Puf- Photo OLIVIER DION

Un coup d’œil dans le rayon classes prépas de n’importe quelle grande librairie suffit pour s’en convaincre : les thèmes de français-philosophie (prépas scientifiques) et de culture générale (prépas commerciales) captent la production éditoriale. "Ces épreuves sont redoutées des élèves car elles portent sur des matières qui sont rarement leur point fort, surtout en prépas scientifiques. Ils n’hésitent donc pas à investir dans des manuels pour optimiser leurs chances", explique Manon Savoye, directrice éditoriale chez Ellipses. Les sujets sont dévoilés dans le Journal officiel au début du printemps et les premiers ouvrages paraissent fin mai-début juin. Il faut donc produire très vite un contenu de qualité. Le thème 2016 de culture générale en prépas commerciales, "La nature", était par exemple couvert cette année par une dizaine d’éditeurs dont certains proposaient plusieurs titres. Le champion en la matière est Ellipses, avec pas moins de quatre ouvrages différents pour ce seul sujet (tout-en-un, fiches, entraînements à la dissertation…). H&K proposait 20 fiches et 20 dissertations, Armand Colin un manuel et un ouvrage d’entraînement à la dissertation. L’offre est encore plus pléthorique concernant le thème de français-philosophie. Et de l’avis général, le marché est quelque peu saturé. "L’offre est supérieure aux besoins, juge un éditeur. Il y a encore cinq ou six ans, il y avait 30 % d’acteurs en moins sur ce marché."

"Nous réalisons nos meilleures ventes dans les librairies situées à proximité des prépas les plus sérieuses." Philippe Lemarchand, éditions Atlande- Photo OLIVIER DION

Dans ce contexte, difficile pour tous les acteurs de trouver leur place. Alors, chaque année, c’est à celui qui publiera le plus vite, car paraître le premier procure un avantage commercial. "Nos auteurs disposent de trois semaines à un mois pour rédiger, note Fanny Bouteiller, responsable d’édition aux Puf. Le travail est réalisé en flux tendu et les auteurs font en sorte de connaître le plus tôt possible les sujets." Pour le thème de culture générale 2017, l’éditeur va proposer un ouvrage "plus étoffé et répondant davantage aux attentes". "Les étudiants veulent être mieux accompagnés, avoir des conseils méthodologiques, des exemples d’épreuves corrigées, ajoute Fanny Bouteiller. Nous allons augmenter la pagination et changer de format."

Forte prescription des enseignants

"Sortir tôt est important, mais la prescription joue beaucoup sur ces marchés, nuance Philippe Lemarchand, fondateur des éditions Atlande. On le voit dans les lieux d’achats de nos livres, nous réalisons nos meilleures ventes dans les librairies situées à proximité des prépas les plus sérieuses." Le constat de la prescription est vrai pour Atlande, il l’est aussi pour GF-Flammarion, en particulier en prépas scientifiques. Les œuvres en poche de GF-Flammarion bénéficient de la très forte prescription des enseignants. L’éditeur séduit aussi avec un quatrième opus - cette fois en grand format - proposant, entre autres choses, une étude détaillée des œuvres au programme et de la méthodologie pour la dissertation. "Les GF-Flammarion représentent plus de la moitié de nos ventes pour les prépas scientifiques", confirme Alexis Cadars, responsable du rayon universitaire à la librairie Gibert Joseph de Versailles.

C’est beaucoup plus disputé derrière, même si les ventes restent intéressantes. "Pour les prépas scientifiques en particulier, le plus difficile est de trouver des spécialistes de chacune des œuvres", confie Frédéric Vignaux, directeur des éditions Studyrama. Certains bénéficient de réseaux privilégiés : "Grâce à notre magazine Espace prépas, nous attirons plus facilement des auteurs", ajoute Frédéric Vignaux. De la même façon, H&K distribue dans les classes scientifiques son bisannuel Prépa magazine, tiré à 23 000 exemplaires, ce qui lui permet à la fois d’asseoir sa notoriété auprès de sa cible et d’attirer de bons auteurs.

Face à une telle avalanche de titres, certains ont préféré se retirer de la compétition. Si Vuibert conserve une offre pour le français-philosophie des scientifiques, il ne sera en revanche plus présent pour la culture générale des économistes, qui est un marché beaucoup plus petit. "Nous n’y avons pas obtenu les résultats escomptés, mais nous n’excluons pas d’y revenir un jour si nous trouvons la bonne formule, explique François Cohen, directeur éditorial de Vuibert. Pour l’épreuve de français-philo, nous continuons en revanche de proposer un vrai tout-en-un qui inclut 15 sujets corrigés de dissertation." Même auprès des prépas scientifiques, certains ajustements sont nécessaires. Atlande a ainsi refondu ses manuels à l’occasion de la rentrée 2015 en optant pour un format plus grand et en ajoutant quelques illustrations. "Nous sommes toujours aussi exigeants sur le fond, mais nous soignons aussi la forme, ce qui n’était pas notre préoccupation jusqu’à présent, explique Philippe Lemarchand. Les étudiants en prépas se raccrochent de plus en plus aux codes du secondaire, ils font moins l’effort d’une lecture suivie. C’est surtout vrai pour les scientifiques, mais il y a quelques années on avait encore des étudiants prêts à fournir cet effort."

Meilleures ventes : panique sur les passions

Photo GFK/LIVRES HEBDO

Les scientifiques s’inquiètent de leur niveau en lettres. Les redoutées épreuves de français-philosophie pour les classes prépas scientifiques et de culture générale pour les classes prépas commerciales font vendre des livres. Les aspirants aux prépas scientifiques ont travaillé sur "Le monde des passions" et douze titres se placent dans le palmarès des 50 meilleures ventes de livres pour les classes prépas entre le 1er avril 2015 et le 31 mars 2016. Particulièrement prescrits par le monde enseignant, les poches GF-Flammarion dominent avec quatre occurrences en 1re, 2e, 5e et 31e positions.

Deux titres sur la nature, sujet de culture générale pour les prépas écoles de commerce, arrivent aussi dans le top 50 : La nature, auteur par auteur chez Ellipses (22e) et La nature : 20 dissertations avec analyses et commentaires chez H&K (48e).

Onze éditeurs apparaissent dans le palmarès. C’est Ellipses qui parvient à y placer le plus de livres avec 19 titres dans le palmarès, suivi de Dunod (7 titres), Studyrama (5 titres) puis GF-Flammarion et Vuibert avec 4 titres. Trois ouvrages édités par Armand Colin et trois parus chez H&K sont aussi présents au classement. Gualino se démarque avec deux annales corrigées pour le test gestion-management de l’Institut d’administration des entreprises. Sirey, Bréal et Atlande parviennent aussi à placer un titre parmi les 50 meilleures ventes.

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