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Dossier Littérature marocaine : des littératures d’affirmation

La Bibliothèque nationale du royaume du Maroc (BNRM), à Rabat. - Photo Nawal bennani/CC

Dossier Littérature marocaine : des littératures d’affirmation

Jeune et riche de ses nombreuses langues, la littérature marocaine brille mais peine à rayonner depuis le Maroc. Tour d’horizon de la première littérature arabe et africaine à l’honneur lors de Livre Paris, du 24 au 27 mars prochain.

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Par Kenza Sefrioui,
Amélie Boutet,
Créé le 24.02.2017 à 00h32 ,
Mis à jour le 24.02.2017 à 09h24

Qu’est-ce que la littérature marocaine ? La question se pose depuis à peine une cinquantaine d’années. Durant les années 1960, une première génération d’écrivains a regardé le travail des pionniers des années 1940, mais c’était alors plus largement l’appartenance maghrébine qui était mise en avant. Il a fallu attendre les années 1980 pour qu’on pense la littérature marocaine dans un cadre national. Deuil du rêve d’un Maghreb uni ? Apparition de structures éditoriales qui ont permis au Maroc de se doter des prémices d’une industrie du livre ? L’émergence de voix littéraires se définissant comme marocaines est indissociable de l’affirmation du Maroc comme pays indépendant - affirmation d’abord politique, avec la sortie de l’empire colonial français après quarante-quatre ans de protectorat (1912-1956), affirmation culturelle également par rapport aux grands pôles historiques de production du livre, le Moyen-Orient et la France. Et c’est cette dynamique qui marque cette production jeune et déjà jalonnée de grands noms et de grands textes.

La Librairie Libre service à Rabat.- Photo ANNE-LAURE WALTER/LH

Littérature plurielle

"Sans doute faudrait-il parler des littératures marocaines plutôt que de la littérature marocaine", remarque l’écrivain et critique littéraire Salim Jay (né en 1951) dans l’introduction à son Dictionnaire des écrivains marocains (Eddif/Paris Méditerranée, 2005), indispensable viatique pour qui veut se plonger dans cet univers. La diversité est en effet le trait le plus frappant de cet ensemble de textes. D’abord la diversité des langues, écrites et orales : l’arabe moderne, le français, mais aussi l’arabe marocain ou darija, les parlers amazighes (tarifit, tachelhit et tamazight) récemment reconnus par la Constitution, ainsi que l’espagnol et l’anglais - sans oublier, hors du Maroc, les langues des écrivains des diasporas : catalan, néerlandais, italien, allemand… L’arabe et le français demeurent toutefois les principales langues d’écriture et vers lesquelles on traduit.

La mosquée et université Al Quaraouiyine, fondée à Fès en 859, abrite l'une des plus anciennes bibliothèques au monde.- Photo FABOS/DOMAINE PUBLIC

A cette diversité linguistique s’ajoute une diversité des genres littéraires. Comme les autres pays arabes marqués par la colonisation, le Maroc a connu un basculement symbolique. La classification arabe traditionnelle qui caractérisait le champ littéraire de l’âge classique, l’adâb, a été abandonnée au profit de la tripartition entre roman, poésie et théâtre qui organise la production européenne depuis la fin du XVIIIe siècle. L’écrivain et essayiste Abdelfattah Kilito (né en 1945) livre des pages fascinantes, dans Les Arabes et l’art du récit (Sindbad, 2009), sur ce renouvellement de l’approche de la littérature moderne. Dans leur désir de s’autonomiser par rapport à des traditions littéraires étrangères, les écrivains, francophones et arabophones, ont eu le désir d’inventer des formes hybrides. Cette démarche des avant-gardes littéraires n’a pas exclu la permanence de formes esthétiques patrimoniales, comme la halqa, forme de théâtre en cercle, qui ont fait l’objet de redécouvertes et inspiré de nouvelles créations. Ainsi, le dramaturge et metteur en scène Tayeb Saddiki (1938-2016) a revisité le Diwan de Sidi Abderrahman al Majdoub, poète du XVIe siècle, ainsi que des textes du malhoun, poésie chantée en arabe marocain.

Cette situation linguistique et esthétique est liée à l’histoire du Maroc au XXe siècle. Une histoire violente, marquée par la colonisation, la dictature et la répression, par les ruptures épistémologiques et identitaires, par les interrogations liées à la modernité et à l’universalité. A ces chocs et à ces questionnements, chaque génération, chaque auteur a réagi à sa manière, avec sa sensibilité. Mais force est de constater que les thématiques politiques et sociales sont dominantes, même si elles ne s’expriment pas directement.

Les pionniers

C’est en réaction à la violence coloniale que les premiers auteurs marocains ont pris la plume. Il s’agissait alors, pour ceux qui étaient considérés comme des indigènes, de s’affirmer dans leur humanité. Le pionnier est Abdelkader Chatt (1904-1992), qui publie en 1932 Mosaïques ternies aux éditions de la Revue mondiale. Il immortalise la vie quotidienne de deux familles tangéroises et laisse déjà percevoir une revendication nationale. "Le peuple marocain est un peuple vivant continuellement de son passé. Il est épris de conversations, mais, comme il n’a généralement pas grand-chose à dire sur le présent, il se replie sur son passé et il raconte, il raconte", écrit Abdelkader Chatt, constat qui n’est pas sans évoquer la phase de ressassement autodestructrice que décrivait Frantz Fanon à propos des colonisés. En 1949, cinq ans après le Manifeste de l’indépendance du Maroc, Ahmed Sefrioui (1915-2004) remporte le Grand prix littéraire du Maroc pour son recueil de nouvelles Le chapelet d’ambre (Julliard), puis publie un roman, La boîte à merveilles (Seuil, 1954). Ces deux livres lui ont valu d’être considéré comme le fondateur de la littérature marocaine de langue française, une littérature placée sous le signe de la mémoire, des traditions et de la spiritualité.

Publiés en France et écrivant en français, ces auteurs avaient une position marginale. Méconnus en France, ils étaient coupés, dans ce travail littéraire, de leurs concitoyens majoritairement analphabètes. Ils étaient pourtant fins connaisseurs de la langue arabe : Abdelkader Chatt écrivait aussi des poèmes en arabe et était traducteur, et Ahmed Sefrioui, conservateur du musée de Fès, avait une langue traversée par la musique et les images de l’arabe marocain. Les écrivains de cette époque étaient au moins bilingues et la situation "où coexistent deux monolinguismes", que regrette depuis Abdelfattah Kilito dans Je parle toutes les langues, mais en arabe (Sindbad/Actes Sud, 2013), n’existait pas. Mais déjà était formulée la question qui a été posée de façon récurrente, jusqu’à aujourd’hui et sur un mode plus ou moins polémique, du choix de la langue d’écriture.

A la même époque, en 1942, était publié le premier roman marocain en arabe, Al-Zaouia de Thami al-Ouazzani, qui raconte l’éducation religieuse d’un mystique. En 1949, Abdelmajid Benjelloun l’aîné (1915-1981) publie Fî al-tufûla, récit autobiographique sur son enfance entre son Angleterre natale et ses séjours à Fès. Mohamed Ben Azzouz Hakim (1924-2014), lui, est l’auteur du premier roman de langue espagnole, Voyage en Andalousie (1942).

Ces œuvres ont une forte dimension de témoignage, souvent autobiographique, sur une société marginalisée par les bouleversements de l’histoire. Souvent racontées du point de vue d’un enfant capable de s’étonner et de s’émerveiller de tout, elles mettent l’accent sur la fraîcheur du récit et l’art du détail plus que sur l’invention formelle : pas de rupture avec les traditions narratives, française ou du Machreq. Si ces auteurs pionniers ont essuyé les attaques de la génération suivante, exaspérée par leurs descriptions qu’elle jugeait ethnographiques et traitait de carte postale folklorique, ils font aujourd’hui l’objet d’une réhabilitation pour leurs talents de conteurs et de stylistes. Ils ont aussi été les premiers à formuler une problématique qui est devenue une constante dans la littérature marocaine : celle de la tension entre identité et altérité. Abdelkrim Ghallab (1919-2006), journaliste et membre du parti de l’Istiqlal, raconte dans Dafannâ l-mâdî (traduit par Francis Gouin sous le titre Le passé enterré, Publisud, 1966) la confrontation entre un monde archaïque et un monde colonial qui s’appuie sur le premier tout en se prétendant réformateur.

La déflagration Chraïbi

Mais se dire pour se faire reconnaître et contrer les préjugés n’a bientôt plus suffi. En 1954, en pleines luttes pour l’indépendance, Driss Chraïbi (1926-2007) publie Le passé simple chez Denoël. Corrosif, flamboyant, le roman montre un jeune homme formé à l’école française aux prises avec son patriarche de père, et dévoile au grand jour les archaïsmes et les scléroses de cette société fondée sur l’oppression des femmes et des enfants. Scandale. L’auteur est poussé à renier son roman. Lequel est depuis considéré comme l’acte de naissance du roman marocain moderne. Mise en cause du pouvoir absolu, densité symbolique du récit, refus de l’imitation formelle, Driss Chraïbi, qui a par la suite publié une œuvre abondante (Les boucs, La civilisation, ma mère !, La mère du printemps, Naissance à l’aube…), a influencé presque tous les écrivains des générations suivantes, aussi bien francophones que arabophones.

Contestation et construction

Les années 1960 et 1970 se sont inscrites dans ce sillage. Après l’indépendance, obtenue en 1956, c’est au projet mis en œuvre par le pouvoir que se sont opposés les écrivains. Un projet autoritaire et répressif, appuyé sur la retraditionnalisation de la société et la revalorisation de ses archaïsmes. Un projet qui mettait en avant les dimensions arabe et musulmane du Maroc, passant sous silence ses composantes amazighe et juive. Au Maroc, contrairement à d’autres pays arabes où les intellectuels se sont parfois alliés aux régimes en place, les écrivains ont manifesté leur opposition à ce projet et en ont payé le prix d’années d’exil ou de prison.

Les écrits de cette époque ont une tonalité profondément subversive. L’ironie y est cinglante, les poèmes se font pamphlets, les textes défient les codes établis, choquent, provoquent les lecteurs. Que ce soit en arabe ou en français, l’heure est à l’expérimentation formelle, au refus de toute sorte d’académisme. Il s’agit de tordre le cou à la langue, aux normes sociales, de remettre en cause le pacte de lecture. En français particulièrement, car les auteurs sont accusés d’être à la solde du néocolonialisme et que "la violence du texte", selon l’expression de Marc Gontard, est une manière de se détacher de la langue de l’ancien colonisateur en la réinventant. En arabe aussi, des romanciers comme Mohamed Berrada (né en 1938), Mohamed Azzeddine Tazi (né en 1948) ou Ahmed al-Madini (né en 1947) se cherchent en dehors des codes réalistes. Mohamed Choukri (1935-2003) crée la sidération avec son ouvrage autobiographique Al-khubz al-hâfî (1971, en français Le pain nu), qui dit avec une redoutable lucidité désirs et violences. Mohamed Zafzaf (1943-2001) raconte sans fard la pauvreté, le manque, les bas-fonds. A l’instar des rêves d’émancipation qui s’expriment dans le monde, avec la poursuite du mouvement de décolonisation et les espoirs liés à mai 1968, c’est une énergie libératrice qui s’exprime.

C’est l’âge d’or des revues culturelles, qui offrent des tribunes aux nouvelles plumes et jettent les bases d’une théorie de la littérature contemporaine. L’une des plus brillantes, Souffles, fondée en 1966 par les poètes francophones Abdellatif Laâbi (né en 1942), Mostafa Nissabouri (né en 1943) et Mohammed Khaïr-Eddine (1941-1995) - surtout connu pour ses romans, comme Agadir (Seuil, 1967) -, a été le pôle d’un mouvement poétique, artistique et politique. Elle a publié les premiers poèmes de Tahar Ben Jelloun (né en 1944), de Mohamed Loakira (né en 1945) ou encore d’Ahmed Bouanani (1938-2011). On y pense le rôle de l’intellectuel du tiers-monde, on veut "arracher l’action culturelle au monopole de la réaction et du néocolonialisme", on formule un projet humaniste et moderne, ancré dans l’authenticité de traditions débarrassées de leurs archaïsmes. Une partie de l’équipe s’enthousiasme pour le marxisme-léninisme et assume une politisation plus ouverte de la revue, qui provoque en 1972 une violente répression. Souffles a formulé une réflexion toujours actuelle sur la politique culturelle et a jeté les bases de l’édition au Maroc en lançant Atlantes, initiative devenue par la suite le modèle éditorial jusqu’aux années 1980.

Cette génération a pensé les fondations d’une culture nationale, accompagnant ses œuvres d’un travail de réflexion en profondeur sur ses cadres symboliques. L’historien Abdallah Laroui (né en 1933) est l’auteur d’œuvres de référence : L’idéologie arabe contemporaine (Maspero, 1967), Histoire du Maghreb, un essai de synthèse (Maspero, 1970), Les origines sociales et culturelles du nationalisme marocain, 1830-1912 (Maspero, 1977)… Abdelkebir Khatibi (1938-2009), sociologue de formation, a produit une réflexion sur le signe, mobilisant les ressources de la littérature, de l’art, de la sémiotique et de la psychanalyse. Quant au philosophe Mohamed Abed al-Jabri (1935-2010), il a étidié le rapport des Arabes à la tradition, à la modernité, à l’histoire et à la rationalité.

Comprendre

La répression amène la génération des années 1980 à formuler autrement son affirmation. Aux questions liées à l’engagement collectif succèdent d’autres conceptions du rôle de la littérature. Il s’agit moins alors de donner forme aux rêves d’unité que d’interroger, d’exorciser les traumatismes, de pointer des injustices. Edmond Amran El Maleh (1917-2010), dans Parcours immobile (Maspero, 1980), Aïlen ou La nuit du récit (La Découverte, 1983) ou encore Mille ans, un jour (La Pensée sauvage, 1986), interroge la mémoire juive disparue du Maroc à travers sa réflexion sur l’écriture. Abdelhak Serhane (né en 1950) décrit la misère morale des petites villes et en décuple la violence par la multiplication des instances narratives. Tahar Ben Jelloun, lui, remporte le prix Goncourt pour La nuit sacrée (Seuil, 1987), la suite de L’enfant de sable (Seuil, 1985), romans sur une condition féminine bafouée.

Deux essayistes ont puisé dans le patrimoine arabe classique des outils de compréhension et d’action. La sociologue Fatema Mernissi (1940-2015) a ouvert la voie à la mise en cause théorique du patriarcat. Le harem politique : le Prophète et les femmes (Albin Michel, 1987), Sultanes oubliées, femmes chefs d’Etat en Islam (Albin Michel/Le Fennec, 1990) et son merveilleux récit autobiographique Rêves de femmes, une enfance au harem (Albin Michel/Le Fennec, 1996) ont eu une influence considérable dans la société civile œuvrant pour les droits des femmes. Quant à Abdelfattah Kilito, il a analysé les relations de pouvoir entre les langues et les civilisations.

Témoigner

Depuis les années 1990, au tournant des deux règnes, l’autobiographie est redevenue le genre dominant. Les anciens prisonniers politiques ont publié leurs témoignages sur les "années de plomb" : Abdelkader Chaoui (né en 1950) avec Kâna wa akhawatuhâ (1986), Driss Bouissef Rekab (né en 1947) avec A l’ombre de Lalla Chafia (L’Harmattan, 1989), Abdelfettah Fakihani (1949-2009) avec Le couloir (Tarik, 2005), Abraham Serfaty (1926-2010) avec La mémoire de l’autre, écrit avec son épouse, Christine Daure-Serfaty (Stock, 1993)… Ces récits ont nourri le principal courant éditorial de ces vingt dernières années. Les éditions Tarik, fondées à Casablanca en 2000, ont joué un rôle majeur dans la publication de ces textes essentiels à la compréhension de l’histoire contemporaine du Maroc, et dont certains sont devenus des best-sellers. Tazmamart, cellule 10 (2000) d’Ahmed Marzouki (né en 1947) s’est vendu à plus de 85 000 exemplaires, dans un pays où un tirage de 1 500 exemplaires se vend en quatre ans, et a même été piraté. Abdelaziz Mouride (1949-2013) a donné à son témoignage la forme d’une bande dessinée, On affame bien les rats (2000), la première au Maroc. En parallèle, de nombreux textes, comme ceux de la nouvelliste Malika Moustadraf (1962-2006), de la poétesse Rachida Madani (née en 1951) ou du romancier Abdellah Taïa (né en 1973), ont libéré la parole sur les droits des femmes et des minorités sexuelles.

Cet intérêt pour l’histoire a permis également la publication de travaux sur le patrimoine amazigh et juif, sur le patrimoine oral. L’Institut royal de la culture amazighe (Ircam), créé en 2001, œuvre justement à la promotion de ces littératures dont la production est encore balbutiante. Le genre du roman historique a inspiré Ahmed Toufiq (né en 1943), Kebir Mustapha Ammi (né en 1952), Zakya Daoud (née en 1937) et Zaghloul Morsy (né en 1933), auteur d’Ishmaël ou L’exil (La Différence, 2003). La poésie également est traversée par les violences de l’histoire et par l’intranquillité d’être au monde, comme celle de Mohammed Bennis (né en 1948), Mohamed Bentalha (né en 1947), Abdallah Zrika (né en 1953), Siham Bouhlal (née en 1966) ou Mohamed Hmoudane (né en 1968). Le romancier Fouad Laroui (né en 1958) brosse dans une veine satirique le tableau grinçant d’un pays à deux vitesses. Quant à Mohamed Leftah (1946-2008), il dit, dans ses romans et nouvelles, la violence des bas-fonds, que son style flamboyant et corrosif transfigure en refuges bachiques contre la montée de l’obscurantisme religieux.

Les talents des diasporas

Malgré la création de maisons d’édition dans les années 1980, les faiblesses structurelles du secteur du livre ont empêché le Maroc de devenir le pôle de sa production éditoriale. La plupart des auteurs publient ainsi en Egypte, au Liban et en France pour que leurs œuvres puissent mieux circuler. Aujourd’hui, la vitalité de cette littérature est due aux diasporas marocaines dans le monde, en France, où Leïla Slimani (née en 1981) vient de remporter le prix Goncourt pour Chanson douce (Gallimard), aux Etats-Unis, en Italie, en Allemagne. L’Espagne, la Belgique et les Pays-Bas ont vu grandir des écrivains arrivés enfants et qui ont remporté de prestigieux prix littéraires : Najat El Hachmi (née en 1979), qui écrit en catalan, Rachida Lamrabet (née en 1970), Abdelkader Benali (né en 1975), Hafid Bouazza (né en 1970), Saïd El Haji (né en 1976), Mustafa Stitou (né en 1974), qui écrivent en néerlandais… Si le Maroc est un thème présent dans leurs œuvres, ils revendiquent leur double culture et enrichissent autant la littérature marocaine que les littératures d’Europe.

34 auteurs marocains à Paris

 

Douze femmes et vingt-deux hommes constituent la délégation officielle des auteurs invités de Livre Paris. Ils s’illustrent aussi bien dans le roman, la nouvelle et la poésie que dans le conte ou l’essai, et sont pour beaucoup diffusés en France.

 

Mohamed Achaari

Mohamed Achaari est né en 1951. Entre 1998 et 2007, il assura la présidence de l’Union des écrivains du Maroc et fut ministre de la Culture. Il est l’auteur de plusieurs recueils de poésie, de nouvelles et de romans mais seul L’aridité ne tue personne a été traduit en France chez L’Harmattan en 2016. Son roman L’arc et le papillon, publié au Centre culturel arabe de Casablanca en 2010, a obtenu le Booker Prize arabe un an plus tard.

Kebir Mustapha Ammi

Kebir Mustapha Ammi est né en 1952 à Taza, près de Fès. Il est notamment l’auteur de plusieurs biographies sur saint Augustin, le mystique Hallaj ou l’émir Abd el-Kader. Trois de ses romans, Le ciel sans détours (2007), Mardochée (2011) et Les vertus immorales (2012), ont été édités dans la "Blanche" chez Gallimard. Son dernier roman, Thagaste, est paru en avril 2016 aux éditions de l’Aube.

Ahmed Assid

Né à Taroudant en 1961, Ahmed Assid est membre du bureau de l’Observatoire amazighe des droits et libertés. Philosophe, écrivain, chercheur et militant politique de langue berbère, il compte à son actif plusieurs articles et études sur les thématiques de l’identité, de la laïcité et de la démocratie.

Bouthaïna Azami

Bouthaïna Azami- Photo DR/LIVRE PARIS

Née en 1964, Bouthaïna Azami s’est établie à Casablanca en 2010 après trente ans de vie à Genève où elle a enseigné la littérature française. Elle a publié La mémoire des temps (1998), Etreintes (2001), Le cénacle des solitudes (2004) et Fiction d’un deuil (2008) à L’Harmattan avant de livrer en 2016 Au café des faits divers à La Croisée des chemins, diffusé en France par Lextenso.

Tareq Bakari

Tareq Bakari est un jeune auteur dont le premier roman Numedia, paru chez Dar Al Adab en 2015, a fait sensation en remportant le premier prix du Livre du Maroc et en se classant parmi les six derniers titres finalistes pour le prix du Roman arabe 2016 (International prize for arabic fiction).

Tahar Ben Jelloun

Tahar Ben Jelloun- Photo CATHERINE HÉLIE/GALLIMARD

Tahar Ben Jelloun a étudié et enseigné la philosophie à Rabat avant de s’installer en France. Docteur en psychiatrie sociale, il tira profit de son expérience de psychothérapeute pour écrire La réclusion solitaire (1976). En 1985, son roman L’enfant de sable le fit connaître du grand public tandis que La nuit sacrée a reçu le prix Goncourt en 1987. Il est depuis 2008 membre de l’académie Goncourt.

Ali Benmakhlouf

Né en 1959 à Fès, Ali Benmakhlouf est agrégé de philosophie. Il enseigne actuellement la philosophie arabe et la philosophie de la logique à l’université Nice Sophia Antipolis ainsi qu’à Sciences po Paris. Il a publié plusieurs essais aux Puf, aux Belles Lettres, chez Albin Michel, Ellipses ou Vrin sur les philosophes et logisticiens Averroès, Montaigne, Russell ou Frege, dont il est spécialiste.

Mohammed Bennis

Né en 1948 à Fès, Mohammed Bennis est l’un des représentants les plus importants de la poésie arabe moderne. En 1974, il fonda la revue Attakafa El Jadida (Culture nouvelle) qui joua un rôle actif dans la vie culturelle marocaine. Il est l’auteur de plus d’une vingtaine de titres dont les derniers, traduits de l’arabe par Bernard Noël, ont été édités par L’Amourier et L’Arbre à paroles. Il a été distingué par plusieurs prix littéraires dont le grand prix du Maroc du livre (1993) ou le prix Ferronia de la Littérature internationale (2007).

Rachid Benzine

Rachid Benzine est enseignant à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence et intervenant à la faculté de théologie protestante de Paris et à celle de Montpellier, ainsi qu’à l’université de Strasbourg. Depuis une quinzaine d’années, ses recherches et travaux portent sur l’herméneutique coranique contemporaine. Il est l’auteur de la partie consacrée à l’islam dans le Larousse des religions (2009) et a notamment publié Les nouveaux penseurs de l’islam réédité chez Albin Michel en 2008, ainsi que Le Coran expliqué aux jeunes publié au Seuil en 2013.

Mohamed Berrada

Mohamed Berrada- Photo DR/LIVRE PARIS

Né à Rabat en 1938, Mohamed Berrada est considéré comme le chef de file du roman moderne marocain. Ancien professeur de littérature arabe à l’université de Rabat et ancien président de l’Union des écrivains du Maroc, il a appartenu au courant littéraire qui a expérimenté de nouvelles techniques d’écriture au Maroc (courant appelé Attajrib). Sindbad/Actes Sud a publié Le jeu de l’oubli (1993), Lumière fuyante (1998), Comme un été qui ne reviendra plus (2001) et Vies voisines (2013).

Lamia Berrada-Berca

Lamia Berrada-Berca a enseigné les lettres modernes en région parisienne avant de revenir dans sa ville natale, Casablanca, pour se consacrer à l’écriture et au journalisme. L’auteure a publié son premier roman, Kant et la petite robe rouge, en 2011 à La Cheminante, à qui elle a confié les deux suivants.

Mahi Binebine

Mahi Binebine a vécu à Paris, New York et Madrid, avant de revenir à Marrakech, en 2002. Son premier roman, Le sommeil de l’esclave (Stock, 1992), a obtenu le prix Méditerranée. En 2010, Mahi Binebine a reçu le prix du Roman arabe pour Les étoiles de Sidi Moumen (Flammarion), porté à l’écran sous le titre Les chevaux de Dieu.

Siham Bouhlal

Siham Bouhlal est née à Casablanca. Titulaire d’un doctorat en littérature de l’université Paris-Sorbonne et spécialiste de poésie arabe classique et moderne, elle a publié plusieurs nouvelles et poèmes chez Marsam (diffusé par Soddil en France) et est connue pour sa traduction de textes médiévaux, dont Le livre de brocart ou La société raffinée de Bagdad au Xe siècle paru chez Gallimard en 2004.

Réda Dalil

Né en 1978 à Casablanca, Réda Dalil débuta sa carrière dans le milieu de la finance avant de devenir journaliste puis écrivain. Il est l’auteur du roman Le job, publié par la maison d’édition marocaine indépendante Le Fennec en 2014 et récompensé la même année par les prix La Mamounia et Gros Sel du public (Belgique). Son dernier roman, Best-seller, est paru au Fennec en 2016.

Zakya Daoud

Née à Bernay, en Normandie, Zakya Daoud est naturalisée marocaine en 1959. Elle a commencé sa carrière journalistique en 1958 à la radio marocaine et comme correspondante au Maroc de Jeune Afrique, puis a été rédactrice en chef de la revue marocaine d’études et de réflexions Lamalif, jusqu’à l’interdiction du titre en 1988. Auteure de nombreux essais paru à L’Aube, chez Séguier, Michalon, CNRS éditions, elle a signé dernièrement La révolution arabe : espoir ou illusion ? 1798-2014 (Perrin, 2015).

Youssouf Amine Elalamy

Né en 1961, Youssouf Amine Elalamy est romancier, plasticien et professeur dans l’enseignement supérieur. Il est l’auteur de romans, Un Marocain à New York (Eddif, 1998, puis La Croisée des chemins, 2015), Paris mon bled (Eddif, 2002), Oussama mon amour (La Croisée des chemins, 2011), Amour nomade (ibidem, 2013), et de nouvelles avec Drôle de printemps (ibidem, 2015). Les clandestins, paru en 2001 au Diable vauvert, a été lauréat des prix Grand Atlas et Plaisir de lire.

Youssef Fadel

Né en 1949 à Casablanca, Youssef Fadel est dramaturge, scénariste, metteur en scène et romancier. Marqué par le militantisme des années 1960, il écrivit, en 1974, avec quelques amis, La guerre, une pièce théâtrale qui lui valut huit mois d’enfermement dans la prison de Derb Moulay Chérif. Son roman Haschisch, traduit de l’arabe par l’auteur avec la collaboration d’Huguette Devalière et Francis Gouin, paru en 2014 chez Afrique Orient, a reçu le prix Grand Atlas en 2000 pour la meilleure fiction de langue arabe.

Maria Guessous

Maria Guessous est romancière et praticienne en programmation neurolinguistique. Elle est notamment l’auteure des romans Une double vie (La Croisée des chemins, 2010) et Hasna ou Le destin d’une femme (Séguier, 2011). Son ouvrage Nous n’irons pas tous au paradis, publié chez Afrique Orient en 2015, a remporté le prix Littérature du prix littéraire Sofitel Tour blanche 2015.

Halima Hamdane

Halima Hamdane- Photo NEZ ALAOUI

Halima Hamdane vit à Paris depuis 1987, où elle a commencé sa carrière en tant que chargée de cours de méthodologie à l’université d’Evry-Val-d’Essonne. Suite à sa rencontre avec le conteur et poète Henri Gougaud, cette auteure jeunesse publiée par Didier Jeunesse et Yomad (diffusion Soddil) puise dans la littérature orale marocaine la majorité des histoires qu’elle raconte.

Maï-Do Hamisultane

Maï-Do Hamisultane est née en 1983 à La Rochelle. A sa parution en 2014, son roman La Blanche, paru à La Cheminante, est sélectionné pour le prix littéraire de la Mamounia de Marrakech. Le suivant Santo Sospir, chez le même éditeur en 2015, a reçu le prix Découverte du prix littéraire du Sofitel Tour blanche 2016.

Kaoutar Harchi

Née en 1987 à Strasbourg, Kaoutar Harchi est docteure en sociologie, chercheuse, rattachée au laboratoire du Cerlis (Sorbonne-nouvelle-Paris Descartes). Elle est l’auteure de trois romans : Zone cinglée, paru chez Sarbacane en 2009, L’ampleur du saccage (2011) et A l’origine notre père obscur (2014), publiés tous deux chez Actes Sud. Par ailleurs, Kaoutar Harchi a publié un essai très remarqué, Je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne, édité chez Pauvert en 2016.

Mohamed Hmoudane

Né en 1968 à El Maâzize, Mohamed Hmoudane réside en France depuis de nombreuses années. Son œuvre comprend plusieurs ouvrages poétiques dont Plus loin que toujours, publié aux éditions Al Manar en 2015. Ses romans French dream (2005) et Le ciel, Hassan IIet maman France (2010), parus à La Différence, ont également été remarqués en France.

Zakia Iraqui-Sinaceur

Zakia Iraqui Sinaceur est linguiste et professeure à l’université de Rabat. Elle est aussi spécialiste des manuscrits de Georges Séraphin Colin puisqu’on lui doit entre autres le Dictionnaire Colin d’arabe dialectal marocain. Son dernier ouvrage, Florilège de littérature orale marocaine, paru chez Geuthner en 2016, rend compte de la richesse des contes marocains en darija (arabe dialectal marocain), traduits en arabe et en français. Elle a également écrit pour la jeunesse.

Abdelfattah Kilito

Né en 1945, Abdelfattah Kilito est spécialiste des littératures arabes anciennes et professeur à l’université de Rabat. Il a aussi enseigné à Paris, Princeton et Harvard. Il est l’auteur d’une dizaine d’essais et de romans, en arabe et en français publiés notamment au Seuil, à La Découverte, chez Toubkal ou Sindbad. Il a reçu à 51 ans le prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises, et en 2007 le prix Sultan-Bin-Ali-al-Owais.

Abdellatif Laâbi

Abdellatif Laâbi- Photo JI-ELLE_CC BY-SA 3.0

Abdellatif Laâbi a joué un grand rôle dans le renouvellement culturel au Maroc. En 1966, il fonda la revue Souffles, qui fut interdite six ans après et lui vaudra d’être arrêté et condamné à la prison. A sa libération, en 1980, il se consacra à l’écriture et à la traduction. Le prix Goncourt de la Poésie 2009 couronna son œuvre poétique publiée par Gallimard et La Différence, et il reçut le grand prix de la Francophonie de l’Académie française en 2011.

Asma Lamrabet

Asma Lamrabet est née en 1961 à Rabat. En 2011, elle fut nommée directrice du Centre des études féminines en Islam au sein de la Rabita mohammadia des oulémas du Maroc, poursuivant au sein de cette institution une relecture féministe de l’islam. Elle a publié des articles qui explorent des questions controversées telles que les mariages interreligieux, l’héritage et la réforme religieuse. Son essai Femmes et hommes dans le Coran : quelle égalité ? paru chez Al Bouraq en 2012, a reçu le prix Sciences sociales de l’Organisation de la femme arabe 2013.

Fouad Laroui

Né en 1958 à Oujda, Fouad Laroui est ingénieur et enseignant à l’université d’Amsterdam. Il est l’auteur d’une trentaine de romans en français, principalement édités chez Julliard comme Une année chez les Français (2010), L’étrange affaire du pantalon de Dassoukine (2012) et Les tribulations du dernier Sijilmassi (2014). De l’islamisme, une réfutation personnelle du totalitarisme religieux a été édité en 2006 chez Robert Laffont tandis que son recueil de contes Les noces fabuleuses du Polonais (Julliard, 2015) vient de paraître en poche chez Pocket. Il a reçu le Goncourt de la Nouvelle en 2013 et le grand prix Jean-Giono en 2014.

Mohamed Loakira

Mohamed Loakira est un poète et écrivain de langue française né en 1945 à Marrakech. Il a été directeur des Arts au ministère de la Culture, animateur au Festival d’Avignon et producteur d’émissions culturelles radiophoniques. Il a également mis en scène des spectacles alliant sa poésie à la danse contemporaine. Tous ses ouvrages sont publiés par l’éditeur marocain Marsam, diffusé en France par Soddil.

Mohamed Nedali

Mohamed Nedali, né en 1962 dans une famille de paysans démunis, a été professeur de français dans son village natal, proche de Marrakech. Surnommé le Stefan Zweig marocain, il est l’auteur de six ouvrages édités par L’Aube, à commencer par Morceaux de choix : les amours d’un apprenti boucher en 2006. Ce roman publié au Fennec en 2003 a reçu le prix du Grand Atlas en 2005.

Hassan Nejmi

Hassan Nejmi est l’un des fondateurs de la Maison de la poésie au Maroc et fut président de l’Union des écrivains du Maroc de 1998 à 2005. Nommé Directeur du livre, des bibliothèques et des archives au ministère de la Culture en 2008, il est l’auteur de plusieurs recueils de poésie, d’un roman et d’essais sur la poésie et la culture orale arabes, non disponibles en France.

Leïla Slimani

Leïla Slimani- Photo CATHERINE HÉLIE

Leïla Slimani est née en 1981 à Rabat. Diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, elle fut comédienne et journaliste avant de se consacrer à l’écriture. En 2014, elle publia son premier roman chez Gallimard, Dans le jardin de l’ogre, sélectionné parmi les cinq finalistes pour le prix de Flore, avant d’être consacrée avec le suivant, Chanson douce, avec le prix Goncourt 2016.

Abdellah Taïa

Abdellah Taïa est né en 1973 à Salé. Il a étudié la littérature française à Rabat, Genève et Paris. Il est l’auteur de nombreux romans parus principalement au Seuil à l’exception du Rouge du tarbouche chez Séguier en 2004. En 2012, Abdellah Taïa réalise son premier film, L’armée du salut, adapté d’un roman du même nom, disponible chez Points. Il est l’un des premiers écrivains du monde arabe à affirmer publiquement son homosexualité. Son dernier roman, Celui qui est digne d'être aimé, est paru au Seuil le 5 janvier 2017.

Mohamed Tozy

Né en 1956 à Casablanca, Mohamed Tozy est universitaire, politologue, enseignant-chercheur au Maroc et en France. Spécialiste du mouvement islamiste marocain, il s’est fait connaître avec Monarchie et islam politique au Maroc, paru en 1999 aux Presses de Sciences po. Il est édité en France par Karthala et L’Harmattan, et a codirigé le Dictionnaire de la Méditerranée (Actes Sud, 2016).

Bahaa Trabelsi

Née en 1966 à Rabat, Bahaa Trabelsi a été rédactrice en chef de la revue marocaine Masculin. Elle est l’auteure d’Une femme tout simplement publié chez Eddif en 1995. Elle a reçu le prix Ivoire 2014 pour Parlez-moi d’amour ! paru à La Croisée des chemins.
Amélie Boutet

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