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Dossier Poche : même pas peur

Olivier Dion

Dossier Poche : même pas peur

Alors que la crise et les faillites de Virgin et de Chapitre n’épargnent pas le marché du poche, les principaux éditeurs du secteur affichent leur sang-froid et misent sur la créativité pour assumer à la fois leurs missions traditionnelles et le renouveau imposé par l’implantation croissante des outils et des usages numériques.

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Par Souen Léger,
Créé le 10.04.2014 à 19h32 ,
Mis à jour le 11.04.2014 à 10h00

Toujours aussi attractif par son prix, le livre au format poche n’est pourtant pas sauvé des eaux. L’année 2013 s’est, tant bien que mal, maintenue au même niveau qu’en 2012, en recul (voir nos graphiques ci-contre). "Le bilan est très contrasté, reconnaît la P-DG d’Univers Poche, Marie-Christine Conchon. Pour la deuxième année consécutive, les ventes du fonds poche sont orientées à la baisse, ce qui est un effet direct des difficultés rencontrées par certains réseaux de ventes comme Chapitre."

"Pour la deuxième année consécutive, les ventes du fonds poche sont orientées à la baisse, ce qui est un effet direct des difficultés rencontrées par certains réseaux de ventes comme Chapitre." Marie-Christine Conchon, Univers Poche- Photo OLIVIER DION

Si les principaux éditeurs s’accordent tous à dire que le marché souffre, certains tirent malgré tout leur épingle du jeu, portés par des best-sellers ou des commémorations. C’est notamment le cas du Livre de poche (Hachette Livre), qui reste le premier éditeur de poche en parts de marché, et qui a soufflé ses 60 bougies l’an dernier à grands renforts d’opérations commerciales et d’animations en librairies. Chez Folio (Gallimard), le centenaire de Camus et la vigueur du fonds ont permis de rattraper des performances un peu moins bonnes au rayon nouveautés. Par ailleurs, J’ai lu (Flammarion) a pu compter sur deux excellentes ventes avec La femme parfaite est une connasse !, d’Anne-Sophie et Marie-Aldine Girard et Le trône de fer, de George R. R. Martin. "Il nous a manqué ce type de cartouches", souligne Patrick Gambache chez Points, la filiale poche du Seuil, qui sort d’une année en demi-teinte.

"Aujourd’hui, les auteurs sont très préoccupés de savoir ce que deviennent leurs livres dans tous leurs états et comprennent que le poche est un lieu vivant de publication." Patrick Gambache, Points- Photo OLIVIER DION

Le bonheur est dans le livre

Mais l’adversité présente l’avantage de stimuler la créativité des éditeurs, qui revitalisent certains segments autrefois négligés. Ainsi, "le sentimental a surperformé", se félicite la directrice générale de J’ai lu, Anna Pavlowitch, pour qui "dans les périodes de crise économique, la littérature de genre est une valeur refuge car elle s’adresse à une communauté, et le principe même de la communauté est rassurant". Précurseur en la matière, l’éditeur compte bien accélérer la cadence en littérature sentimentale avec le lancement de deux nouvelles lignes en 2014, "Aventures et passions. Sensualité" en avril, puis "Best Friends" en octobre. La littérature young adult, destinée aux adolescents et aux jeunes adultes, ainsi que la "chick noire", variante de la chick-lit (la "littérature de poulettes"), rencontrent elles aussi un beau succès.

"Les éditeurs de poche deviendront les éditeurs numériques parce qu’il y a une culture qui est très proche." Anna Pavlowitch, J’ai lu- Photo OLIVIER DION

Autre tendance émergente, les livres "feel good", qui rendent heureux. Points va creuser cet axe avec une nouvelle collection consacrée aux comédies littéraires afin de valoriser le versant le plus populaire de son catalogue. "Il s’agit d’une littérature de plaisir et de divertissement, avec des histoires très romanesques et des personnages porteurs de valeurs positives, décrit Marie Leroy, directrice générale adjointe. Nous voulons lutter contre l’idée qu’on ne fait que du très littéraire et du très pointu, et permettre un repérage de nos livres d’accès plus facile."

L’optimisme n’est pas que dans les livres. Il habite aussi les éditeurs de poche qui consolident leurs acquis et explorent de nouveaux territoires, notamment en matière d’inédits. Chez J’ai lu, où les inédits représentent depuis longtemps 40 % de la production grâce à la littérature de genre, Anna Pavlowitch est convaincue qu’il s’agit d’un développement salvateur. "La vie traditionnelle du livre, c’est fini ! Nous sommes dans un monde mouvant, donc si nous ne pouvons pas être souples, nous n’y arriverons pas, estime-t-elle. Le fait d’être éditeur d’inédits, et donc d’avoir les droits premiers, nous permet d’être maîtres de nos formats, de faire bouger les lignes entre le poche, le semi-poche, le grand format et le numérique." Cette position ouvre également l’accès au marché des cessions de droits. Ainsi, La femme parfaite est une connasse ! doit être traduit dans une dizaine de langues, adaptée au cinéma d’ici 2015 et faire l’objet d’une bande dessinée coéditée avec Fluide glacial, autre filiale de Flammarion, confiée à la dessinatrice Margaux Motin. "Ce qui est à la fois formidable et nécessaire, c’est de pouvoir valoriser toutes les vies possibles du livre", s’enthousiasme Anna Pavlowitch.

Si elle est historique chez certains éditeurs de poche, la publication d’inédits s’est surtout accélérée au début des années 2000. C’est par exemple à cette période que Folio a créé sa collection d’inédits "Folio biographies" et la série "Petits éloges" dans la collection "Folio 2 euros". "Les inédits permettent d’attirer l’attention des lecteurs et de créer des surprises dans la collection de poche, et puis de temps en temps il y a de vraies envies d’éditeur par rapport à des textes qui n’ont pas été proposés ailleurs, comme c’est souvent le cas en sciences humaines ou en science-fiction", estime Anne Assous, qui a pris la tête de Folio en février.

Chose nouvelle, la publication d’inédits au format poche ne se cantonne plus aux espaces du sentimental, de l’imaginaire et du polar : elle conquiert peu à peu la littérature en général, comme en témoigne par exemple la parution en janvier chez J’ai lu du dernier roman de David Foenkinos, La tête de l’emploi. En octobre dernier, Le Livre de poche a lancé "Livre de poche éditions", une collection d’inédits au format agrandi rassemblant des ouvrages d’horizons divers, du policier au pratique en passant par les romans. "Elle démarre vraiment bien, relève Audrey Petit, directrice éditoriale, l’idée est de parier sur des coups de cœur, des titres passés inaperçus, et que nous pensons pouvoir faire émerger."

Plateforme d’expression

Le poche devient ainsi une nouvelle plateforme d’expression en permettant par exemple aux auteurs les plus prolifiques de publier leurs textes même s’ils sont plus courts ou moins adaptés au catalogue de leur éditeur premier. La nouvelle collection du Livre de poche accueillera ainsi en juin un inédit du Goncourt 2013, Pierre Lemaitre, qui a écrit le quatrième volet de sa trilogie policière autour de l’inspecteur Camille Verhoeven. Cet épisode, initialement créé pour une compagnie de smartphones qui lançait des épisodes de fiction sur téléphone, était trop bref pour l’éditeur grand format, qui n’a pas souhaité le publier. L’auteur a donc approché Le Livre de poche, proposant d’enrichir son œuvre pour en faire une nouvelle d’une centaine de pages.

De même chez Points, l’auteur de polars Thomas H. Cook "a toute une back-list à récupérer, et le Seuil ne peut pas en publier quatre par an, constate Patrick Gambache, directeur général. "Cependant, précise-t-il, nous travaillons toujours en bonne intelligence avec les éditeurs grand format, nous ne voulons pas les supplanter. Nous alimentons et nous complétons notre offre par des titres qui viennent combler des lacunes d’approvisionnement en interne ou en externe."

Ces incursions des éditeurs de poche dans l’édition première se consolident avec la confiance croissante accordée par les auteurs. Patrick Gambache poursuit : "Nos liens avec les auteurs se sont vraiment développés là où, auparavant, le poche était une sorte de deuxième vie du livre à laquelle ils avaient peu accès. Aujourd’hui, ils sont très préoccupés de savoir ce que deviennent leurs livres dans tous leurs états et comprennent que le poche est un lieu vivant de publication." Le passage en poche est aussi pour l’auteur l’ultime occasion de modifier son texte, de l’annoter, d’y ajouter une préface. Et s’ils envisagent à présent de publier un livre inédit directement en poche, sans passer par la case grand format, il n’est pas pour autant question pour eux de quitter le giron de leur éditeur premier.

Le cœur du métier des éditeurs de poche reste néanmoins la réédition à moindre prix dans le but de prolonger la vie de l’œuvre et de toucher un public plus large. "Chez Univers Poche, nous réaffirmons cette identité d’éditeur de poche qui est d’offrir une seconde vie au livre, à l’exception notoire de la collection"Grands détectives", chez 10/18, qui a été conçue différemment parce qu’il n’y avait pas d’offre grand format sur ce segment-là à l’époque où nous l’avons créée", explique la directrice générale, Marie-Christine Conchon. A côté des romans policiers historiques de 10/18, Pocket, le département emblématique d’Univers Poche, édite lui aussi des nouveautés inédites, mais dans une moindre mesure. En 2014, il a notamment publié un roman d’Antoine Paje, Et il me parla de cerisiers, de poussières et d’une montagne… et lancera en mai "The school of life", une mini-série autour du bien-être, avec six titres inédits.

Laboratoire d’idées

La stratégie numérique n’est bien sûr pas étrangère à cet accent mis sur les inédits. "Investir dans les inédits est une manière pertinente de se positionner sur le numérique puisque cela nous permet d’exploiter tous les formats, considère Tiffany Gassouk, responsable éditoriale du policier, du thriller et des nouvelles formes d’écriture au Livre de poche. Nous essayons parfois de nouer des partenariats avec d’autres éditeurs qui voient que nous avons une force de frappe importante pour commercialiser les ebooks." Chez les principaux éditeurs de poche, les inédits sont systématiquement numérisés, et le travail de numérisation du fonds est bien engagé. Une accélération jugée nécessaire à l’heure où le marché du numérique, s’il reste balbutiant en France, est malgré tout un débouché à ne pas négliger. Selon le baromètre de l’offre de livres numériques en France établi par KPMG en mars dernier, les ventes d’ebooks sont certes marginales, représentant de 1 à 4 % du chiffre d’affaires de près des trois quarts des répondants concernés, mais elles constituent de nouvelles recettes qui ne cannibalisent pas le livre papier.

Pour Anna Pavlowitch, chez J’ai lu, les éditeurs de poche sont sans doute les mieux placés, en termes de compétences et de moyens, pour prendre ce tournant avec succès. "Je suis convaincue que les éditeurs de poche deviendront les éditeurs numériques parce qu’il y a une culture qui est très proche : nous savons gérer la masse, les petits prix, des opérations commerciales d’envergure et nous connaissons parfaitement les marchés étrangers. Or, le numérique, c’est tout cela", plaide-t-elle. Dans les grands groupes, des stratégies globales se mettent en place. Chez Univers Poche, l’ensemble de l’offre numérique est proposé sous la marque 12-21, créée en 2012. Au total, ce catalogue d’ebooks compte plus de 1 400 références actives. "Nous concevons le numérique comme une offre complémentaire, au même titre que le poche est une offre complémentaire pour le grand format", indique la P-DG du groupe, Marie-Christine Conchon. Chez Folio, où le chiffre d’affaires numérique a été multiplié par 2,5 en 2013, par rapport à 2012, Anne Assous souhaite poursuivre la politique de marque menée sur le terrain numérique. "Le catalogue numérique Folio ressemblera beaucoup au catalogue papier, promet-elle. Il y aura peu de rupture entre ce que les lecteurs trouvent dans les points de vente et ce qu’ils trouvent sur le Web."

La machine est en marche et, pour valoriser davantage le numérique, certains éditeurs du secteur entendent renouveler leurs sites Internet. C’est notamment le cas de Points, qui annonce un projet de marque propre qui devrait voir le jour avant l’été. "Nous n’avons pas les droits numériques des rééditions, c’est un fait, alors nous avons décidé de faire un pas de côté et de prendre le problème par un autre biais en nous demandant comment accompagner les nouvelles habitudes de lecture", révèle Marie Leroy, directrice générale adjointe. J’ai lu donne aussi dans le teasing en annonçant la mise en place d’un nouveau site, qui fera la part belle au numérique, entre juin et septembre.

Le virage numérique est aussi l’occasion d’expérimenter de nouveaux formats et de nouveaux partenariats. "Nous essayons plein de choses en ce moment, c’est un laboratoire d’idées", confie-t-on au Livre de poche. L’an dernier, l’éditeur s’est allié aux éditions de l’Epée pour publier en juin l’intégrale imprimée des sept épisodes de la série policière Trouble[s] que cet éditeur purement numérique a lancé en mars. Un exemple qui souligne combien se brouillent les frontières entre les formats, le poche prenant ici le relais du numérique.

L’air du temps

Plus simplement, le numérique permet de dynamiser les missions traditionnelles des éditeurs de poche, comme l’animation du fonds. Folio s’apprête à donner un coup de jeune aux grands classiques de la littérature en lançant la collection numérique "Folio + vidéo", qui devrait être en place avant l’été. Les versions numériques de textes comme L’école des femmes, Candide, Les fleurs du mal ou encore Lesfables de La Fontaine incluront de petites capsules vidéo animées par des comédiens très populaires auprès des jeunes comme l’humoriste Baptiste Lecaplain, ou Loup-Denis Elion, qui joue dans la série télévisée Scènes de ménages. "Nous voulons proposer un enrichissement, un "plus" d’éditeur sur des classiques qui peuvent être trouvés gratuitement en version numérique", précise Anne Assous. L’autre objectif affiché est de garder une place de choix dans la bibliothèque, fût-elle virtuelle, des adolescents.

A côté de ces méthodes novatrices subsistent les actions classiques destinées à consolider et à faire vivre les titres du fonds. Les acteurs du secteur misent sur de vieilles recettes qui ont fait leurs preuves, comme le relooking de collections entières ou de l’œuvre d’un auteur à la faveur d’un anniversaire, d’un événement culturel ou d’un nouveau titre à paraître chez l’éditeur premier. Points annonce pour cette année la création d’un poste dédié aux relations de l’éditeur avec les libraires. De plus en plus, la valorisation du fonds et des nouveautés passe aussi par le Web. Les réseaux sociaux en particulier, qu’il s’agisse de Facebook ou de Twitter, sont pleinement investis.

Plus qu’un outil, Internet est devenu un vivier potentiel de talents littéraires : plateforme d’autoédition et blogs réservent parfois de jolies surprises. Chaque éditeur garde d’ailleurs un œil sur cette sphère émergente, conscient que le poche se doit de flairer les nouvelles modes et de rester dans l’air du temps. Le Livre de poche, par exemple, a imaginé pour la dernière Saint-Valentin un recueil de textes inédits intitulé Putain d’amour, qui compile des écrits de blogueurs talentueux identifiés par l’équipe éditoriale. "C’est une volonté du Livre de poche d’essayer de repérer les grands talents d’Internet, rappelle Tiffany Gassouk, qui a chapeauté l’opération. Ces auteurs étaient ravis d’être édités dans un livre physique, ce qui montre bien que le papier reste l’ultime aboutissement aux yeux des personnes ayant des velléités d’écriture." <

Le poche en chiffres

Le tiercé gagnant du webmarketing

Ces dernières années, les éditeurs de poches ont acquis suffisamment de confiance pour surfer sans crainte sur la vague du webmarketing. Cette orientation désormais incontournable crée de nouveaux postes et entraîne une réorganisation des services marketing et communication. L’effort des équipes se concentre sur trois axes.

1. Investir les réseaux sociaux

Pour les éditeurs de poches, qui revendiquent depuis toujours une proximité avec les lecteurs, être absents des réseaux sociaux serait presque un contresens. Les cinq principaux acteurs du secteur ont investi Facebook ou Twitter, voire les deux. L’idée est de s’adresser aux lecteurs sur le mode de la conversation afin d’alimenter le buzz autour de certains titres ou de certains auteurs, et de créer un sentiment de fidélité autour de la marque. Cette démarche s’avère particulièrement adaptée en littérature de genre, où les lecteurs sont organisés en communautés très actives sur le Web.

2. Miser sur les blogueurs

Parfois très suivis, les blogueurs sont désormais considérés par les services de presse comme des interlocuteurs aussi influents que les journalistes. Là encore, c’est particulièrement vrai pour la littérature de genre, qui trouve dans ces blogs un espace d’expression et de promotion rare dans les médias traditionnels.

3. Renouveler les sites officiels

La vitrine d’une marque de poche reste souvent son site officiel. Aussi les éditeurs ont-ils à cœur d’animer et de rajeunir régulièrement le leur avec des outils amusants. Ils explorent pour cela de multiples pistes comme les "moteurs d’envie" pour trouver un livre adapté à son état d’esprit du moment, les vidéos de libraires présentant leur dernier coup de cœur, les jeux concours ou encore des dispositifs de valorisation des ebooks. <

Mon poche, ma liberté

 

Emboîtant le pas à nombre de leurs confrères qui voient dans cette démarche un moyen de préserver leur indépendance et de renforcer leur image de marque, trois éditeurs lancent à leur tour leur propre collection de poche.

 

Frédéric Martin, directeur du Tripode.- Photo OLIVIER DION

En octobre 2012, Tristram créait "Souple", une collection qui souhaite accueillir à terme des titres d’autres maisons et des inédits à côté des ouvrages de son fonds. "Nous avions toujours répugné à céder nos droits à des collections de poche, explique l’éditeur, Jean-Hubert Gailliot. Le poche nous permet par exemple de tendre vers des œuvres complètes d’auteurs très importants, ce qui serait inenvisageable en grand format", précise-t-il.
Ce tournant est couronné par de beaux résultats, puisque "Souple" représente désormais la moitié du chiffre d’affaires de Tristram. "La vraie liberté est d’avoir le grand format et le poche, c’est comme si, avant, nous n’avions qu’un seul poumon", estime Jean-Hubert Gailliot.Zulma a également sauté le pas, dès mai 2013, avec la collection "Z/a". Un choix dont se félicite sa directrice, Laure Leroy : "Passer les livres en poche dans notre propre collection nous permet d’avoir une continuité dans l’image et la progression éditoriale de la maison. Surtout, le lecteur nous identifie." La démarche inspire cette année Philippe Rey, Le Tripode et Glénat.

 

"Fugues" : une collection polyphonique.

Ce printemps, Philippe Rey lance "Fugues", sa première collection de semi-poches, avec un prix au titre entre 9 et 12 euros. "Il s’agit de redonner une deuxième vie à des textes qui le méritent, plaide le directeur général qui a donné son nom à sa maison. Nous allons reprendre des textes indisponibles, publier des titres qui n’existent pas encore en poche et, pourquoi pas, donner une troisième vie à des livres déjà parus en petit format." 
Les titres de la collection proviennent du fonds, mais aussi d’autres maisons comme pour Le temps scellé d’Andreï Tarkovski, qui a été publié en grand format par les Cahiers du cinéma. Parmi les signatures figurent également Lucia Nevaï, Gisèle Pineau ou encore Joyce Carol Oates. "Fugues", fidèle à la référence musicale, donne à entendre plusieurs voix.

 

"Météores" : dans la galaxie poche.

Le Tripode, né l’été dernier de la scission d’Attila en deux entités éditoriales indépendantes, a inauguré en mars "Météores", une collection de semi-poches. "Les gens ne sentent pas toujours la cohérence du catalogue, car chaque livre part dans une direction totalement inattendue avec un graphisme propre, justifie Frédéric Martin, directeur du Tripode. J’ai pensé que si j’arrivais à fondre tous ces auteurs improbables dans une même maquette, cela permettrait de révéler une certaine cohérence d’esprit plus que de genre littéraire." L’éditeur a conçu lui-même la maquette de la collection, qu’il envisage comme un outil de liberté supplémentaire. Le poche doit avant tout permettre au Tripode de poursuivre son ambition : faire lire des auteurs qui sortent des cases.

 

 

"Glénat poche" : pour toucher les plus jeunes.

Chez Glénat, c’est sans doute "le" défi de l’année 2014. En juin, l’éditeur lance "Glénat poche", une collection qui adapte les personnages du catalogue jeunesse et en crée de nouveaux en format et à prix réduits (4,99 euros). "C’est un défi, car nous n’avons jamais été éditeur de poche. Il s’agit d’un marché très concurrentiel avec des acteurs comme Hachette Jeunesse : nous devons donc nous démarquer et faire notre trou rapidement", explique Marion Glénat-Corveler, responsable du développement commercial de la maison.

 

La collection s’adresse aux enfants avec des novélisations de mangas comme Chi et Kilari, de dessins animés tels que Les lapins crétins, ou encore de bandes dessinées. Une série inédite, Psicopattes, est également prévue. "Nous voulons proposer une offre aux plus jeunes qui n’ont pas encore la capacité de lire des bandes dessinées et des mangas. C’est aussi un format rassurant pour les parents qui peuvent se familiariser par ce biais-là à l’univers du manga et voir que ce n’est pas forcément violent", détaille Marion Glénat-Corveler. Et en cas de joli succès, l’éditeur ne s’interdit pas de transformer un livre de poche en grand format. <


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