Le Mans

Au Mans, la librairie Doucet a ouvert fin octobre, pour une période de trois mois, une boutique de livres neufs à prix réduits baptisée 2ème Page. Située à quelques pas du magasin principal, celle-ci devrait finalement rester ouverte jusqu’au 30 avril. Evoquant la précarité du bail, Olivier Dumont, cogérant de Doucet, avec sa femme, Adélaïde, explique que "si le lieu est éphémère, le concept, lui, ne l’est pas".

Le test l’a convaincu. "Avec 1 000 références sur 150 m2, 2ème Page a réalisé en trois mois un CA de 130 000 euros avec une marge supérieure à celle des librairies classiques. Malgré des prix unitaires souvent égaux ou inférieurs à 5 euros, le panier d’achat était de 20 euros en moyenne", se félicite le dirigeant. Surtout, affirme-t-il, "les ventes réalisées avec les livres neufs à prix réduits n’ont nullement pénalisé les activités de notre librairie généraliste. Les clientèles ne sont pas les mêmes. Avec les livres soldés, nous sommes plus en concurrence avec la grande distribution qu’avec les indépendants. C’est d’ailleurs en réaction à l’arrivée de Cultura en septembre que nous avons lancé cette initiative."

Désireux de la prolonger au-delà du printemps, Olivier Dumont cherche un nouveau local pour une Troisième Page et revendique la dimension éphémère des lieux, considérée comme un élément d’animation. L’objectif est de "passer de 2ème Page à 3ème Page, puis à 4ème…". En revanche, pas question d’intégrer l’offre soldée dans sa librairie : "Elle n’a de sens que dans un magasin à part, capable d’attirer une clientèle qui ne vient pas en librairie." Se fournissant auprès d’un grossiste spécialisé qui lui assure les retours, Olivier Dumont a depuis trois mois affiné sa sélection, fort du constat que la cuisine et la jeunesse se vendent mieux que les beaux-arts.

Peu fréquente dans le secteur, l’initiative n’a pas été du goût de tout le monde au Mans. Anne-Sophie Thuard, à la tête de la librairie qui porte son nom, dénonce cette concurrence basée sur le solde et sur une communication "de nature à brouiller les messages sur le prix unique". Une approche qui si elle ,’est pas partagée par les autres libraires, reflète la guerre de position que se livrent les deux grands généralistes de la ville. Clarisse Normand

09.02 2018

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