22 avril > Histoire France

Byzance prend fin lorsque les troupes du sultan ottoman Mehmed II entrent dans Constantinople, le 29 mai 1453. Constantin XI, le dernier empereur byzantin, disparaît dans la bataille et la puissance ottomane s’installe durablement jusqu’à la Première Guerre mondiale. Vincent Déroche (CNRS) et Nicolas Vatin (EHESS), lequel a déjà codirigé le Dictionnaire de l’Empire ottoman (Fayard, 2015), proposent un ensemble de textes remarquables sur cet événement qui annonce bien des bouleversements et, surtout, la fin du Moyen Age.

Ce volume permet de disposer pour la première fois en français d’une cinquantaine de documents et de lettres traduits du grec, du turc, du latin, du génois, du catalan, de l’allemand, de l’arabe, du polonais ou du russe, mais aussi des récits de référence d’historiens contemporains plutôt épiques, le tout complété par des prophéties, des lamentations et des poésies. Parmi ces missives, on note celle adressée le 22 février 1454 par le cardinal Isidore de Kiev au duc de Bourgogne Philippe le Bon. "Moi qui me suis trouvé là personnellement, je puis fournir là-dessus un témoignage véridique." Dans tous ces textes, qu’ils soient descriptifs ou métaphoriques, on constate l’importance donnée immédiatement par les observateurs à cette date qui marque pour nous la partition entre l’Europe occidentale et l’Europe orientale. Eux font référence aux précédentes prises de Troie, de Babylone, de Carthage, de Rome ou de Jérusalem pour comprendre ce qui est considéré, selon les points de vue, comme une catastrophe ou une aubaine. Dans l’urgence, après le pillage et le sac des sanctuaires, les savoirs grecs passèrent plus vite à l’Ouest, comme si cet héritage risquait d’être retenu à jamais par l’Empire ottoman. C’est ce qui hâta sans doute la Renaissance.

En proposant cette somme sans équivalent, fruit d’un travail de dix ans pour tous ces spécialistes renommés, le dynamique éditeur toulousain dame le pion aux grandes maisons parisiennes. Il permet surtout de porter des regards croisés sur ce moment exceptionnel où Constantinople devint Istanbul. L. L.

Les dernières
actualités