Paradoxe : alors que ce serait techniquement plus facile que pour le livre imprimé, il est impossible d’établir un classement des ventes de livres numériques. Cette lacune vient du manque de coopération des acteurs concernés, et tout particulièrement d’Amazon, le premier d’entre eux, qui refuse de fournir la moindre information.

Concernant l’offre, les données fournies par electre.com permettent de mesurer au moins l’évolution du catalogue et des prix. En littérature adulte et jeunesse, la quasi-totalité des best-sellers papier est aussi accessible en version numérique (95 titres sur 100 en romans adultes, 23 sur 25 en jeunesse). En 2013, on n’atteignait pas encore 90 %. En essais et documents, 80 titres sur 100 sont disponibles en version digitale. Cette relative faiblesse peut s’expliquer par une présence moindre des grands groupes dans le palmarès des essais. Les multiples éditions de l’encyclique du pape et les numéros de la revue XXI (six citations dans le classement), non numérisés, font aussi baisser le ratio. En BD, le taux est encore inférieur (66 % de disponibilité), notamment en raison de la numérisation partielle des mangas. En albums jeunesse, beaux livres et pratique, les versions numériques restent rarissimes, ce qui fait chuter la moyenne de numérisation des 400 références de notre classement GFK/Livres Hebdo des meilleures ventes en deçà de 60 %.

Les prix sont toujours contrôlés de près. En romans, le prix moyen d’un ebook est de 14 euros, contre près de 20 euros pour la version imprimée, soit 29 % de rabais. C’est attractif, mais pas irrésistible pour les lecteurs attachés au papier. En essais et documents, le prix moyen s’inscrit à 12,32 euros et la réduction atteint 30 %. En romans jeunesse, il est de 11,42 euros (- 25 %).

Les livres numériques restent plus chers que des poches. Dans le top 50 poches, le prix moyen est de 7,50 euros, contre 9,33 euros pour les versions numériques (+ 24,5 %). Les éditeurs grand format baissent les prix numériques lors du passage en poche, mais ne les alignent que très rarement.

Cette politique tarifaire explique la croissance mesurée du marché numérique en France, l’objectif des éditeurs de littérature générale restant de préserver un réseau diversifié de librairies, et de ne pas se retrouver face à un oligopole de revendeurs numériques qui imposeraient leurs conditions. H. H.

Avec la collaboration de François Thévenet (electre.com).

22.01 2016

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