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Un groupe de chercheurs américains en informatique vient de mettre au point un algorithme censé résoudre bien des tourments d’auteurs et d’éditeurs. En analysant quelque 800 textes classiques ou plus récents, dans des genres divers (y compris la poésie), cette étude dégage un ensemble de caractéristiques relatives au vocabulaire, à la longueur des phrases, au nombre de verbes, conjonctions, adverbes … et établit des corrélations entre ces caractéristiques et le succès rencontré.

Ainsi, les textes utilisant beaucoup de verbes et du vocabulaire décrivant des actions et des émotions auraient un potentiel de vente inférieur à ceux décrivant des réflexions. Quel dommage que Flaubert n’ait pas eu connaissance de cette étude avant de laisser paraître Madame Bovary : 6 verbes dans les 3 premières lignes !

Cette analyse a posteriori laissera sans doute inexpliqués nombre de succès littéraires, mais rien n’interdit de penser que d’aucuns, auteurs ou éditeurs, seront tentés de soumettre leurs manuscrits à cette moulinette. Imaginons un instant ce que cette étude ferait au Molloy de Beckett :
 
«  J'avais mettons seize pierres, dont quatre dans chacune de mes quatre poches qui étaient les deux poches de mon pantalon et les deux poches de mon manteau. Prenant une pierre dans la poche droite de mon manteau, et la mettant dans ma bouche, je la remplaçais dans la poche droite de mon manteau par une pierre de la poche droite de mon pantalon, que je remplaçais par une pierre de la poche gauche de mon pantalon, que je remplaçais par une pierre de la poche gauche de mon manteau, que je remplaçais par la pierre qui était dans ma bouche, dès que j'avais fini de la sucer. »
 
Quelque chose comme : « J’avais seize pierres dans mes poches que je suçais à tour de rôle. » ? Deux verbes au lieu de dix : succès assuré ! Notons quand même que les chercheurs en question soulignent que des facteurs extérieurs, comme la chance, peuvent jouer un certain rôle.  
20.03 2014

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