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Exportations 2016 : l’effritement se poursuit

Exportations 2016 : l’effritement se poursuit

Chutant en Suisse et dans une moindre mesure au Canada ainsi qu’au Royaume-Uni et en Allemagne, les ventes de livres français à l’étranger enregistrent au total un nouveau recul de 1,6 % malgré leur rétablissement en Belgique et une belle progression en Espagne.

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Par Fabrice Piault,
Créé le 31.03.2017 à 01h32 ,
Mis à jour le 03.04.2017 à 18h48

Depuis le pic de 2012, les exportations françaises de livres sont entrées dans une phase de décélération. Après un recul de 1,7 % en 2015, elles enregistrent, d’après les statistiques douanières retraitées par la Centrale de l’édition, un nouveau tassement de 1,6 % en 2016, à 668,9 millions d’euros. Une évolution qui ne coïncide pas avec celle des ventes de livres en France, qui s’inscrivent, elles, à + 1,5 % en 2015 et à 0 % en 2016 (1).

L’effondrement du livre français en Suisse (- 13 %) et son recul au Canada (- 2,5 %) expliquent, d’après Olivier Aristide, directeur général de la Centrale de l’édition, l’essentiel de la contre-performance globale de 2016. Mais d’autres marchés importants pour l’édition française donnent des signes de faiblesse : - 6 % au Royaume-Uni, - 12,2 % en Allemagne, - 3,5 % aux Etats-Unis et - 29 % en Algérie.

Reprise en Belgique

Si l’activité de l’édition française dans les pays de l’Union européenne progresse néanmoins de 0,9 %, elle le doit avant tout à une bonne reprise de l’activité en Belgique, le principal client de l’édition française à l’étranger (+ 2,6 %). Les exportations de livres progressent aussi significativement en direction de l’Espagne (+ 5,2 %). On peut également classer au rang des bonnes nouvelles la confirmation du redressement des ventes dans les départements et régions d’outre-mer, et collectivités d’outre-mer (Drom-Com), comptabilisées parmi les exportations par les services des douanes (+ 14,6 % l’an dernier, après + 2,3 % l’année précédente). Cependant, parmi les autres zones géographiques, tandis que les ventes de livres français restent stables en Afrique francophone (+ 0,3 %), elles ne croissent qu’au Proche et au Moyen-Orient (+ 8 %), principalement grâce au Liban (+ 10,5 %), ainsi qu’en Asie et Océanie (+ 17,6 %) grâce à des succès sur tous les principaux marchés (Japon, Inde, Hong Kong, Corée du Sud, Taïwan, Singapour) à l’exception de la Chine (- 38,5 %) qui, en pleine phase de reprise en main idéologique, recule du 21e au 30e rang parmi les principaux marchés de l’édition française à l’export.

Partout ailleurs, les exportations de livres français perdent du terrain. Elles s’érodent vers la Turquie (- 2,4 %) comme en Amérique latine (- 3,3 %) en dépit d’une bonne performance au Mexique (+ 19,4 %). Elles chutent au Maghreb (- 11,7 %) en raison d’un effondrement en Algérie (- 29 %) que ne compensent pas les progrès au Maroc (+ 3,1 %) et en Tunisie (+ 1 %). Vers l’Europe centrale et orientale (- 38 % en 2016, - 17,6 % en moyenne lissée sur trois ans), elles sont devenues anecdotiques. Les ventes en Russie, seul marché significatif dans la région, s’effondrent, à moins de 1,3 million d’euros en 2016 contre plus de 3,1 en 2013 (- 25,5 %). De même en Afrique non-francophone (- 19,4 %) et aux Antilles (- 15,3 %).

La francophonie d’abord

Les ventes de livres français à l’étranger continuent de se concentrer, d’une part au sein de l’Union européenne (44,9 % des exportations l’an dernier, contre 43,8 % en 2015), d’autre part et surtout au sein de la francophonie (74 % contre 72,5 % dix ans plus tôt). Au passage, la hiérarchie des principaux clients de l’édition française à l’export se trouve modifiée. L’Allemagne, désormais derrière l’Espagne, continue de reculer, de même que les Etats-Unis, alors que le Maroc gagne deux places, au 7e rang.

(1) Source : Livres Hebdo/I+C, voir LH 1115, du 3.2.2017, p. 22-24.

Exportations 2015, voir LH 1078, du 25.3.2016, p. 22.

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