J’ai décidé de transformer la journée porte ouvertes en journée blog ouvert. Je vais vite m’expliquer. Il y a dix jours, j’ai eu un très beau papier sur mon dernier roman dans VSD . Et ne commencez pas à dire que j’utilise ce blog pour me faire de la promotion. Je ne parle jamais des articles qui me sont concernés. Je ne suis même pas sûr de vous avoir dit que Bernard Pivot avait adoré « Nos séparations ». Alors, vous voyez, je ne vous l’ai pas dit que Bernard Pivot avait fait une superbe chronique sur mon roman dans le JDD . Alors n’allez pas dire après que c’est mon genre d’écrire un blog où je me vante d’avoir eu une chronique de Bernard Pivot dans le JDD du 28 septembre. Vraiment pas mon genre, et Bernard Pivot le sait très bien que ce n’est pas mon genre, puisqu’il a vanté l’humilité gracieuse de mon écriture. Il est quand même bien ce Bernard, on ne le dit pas assez souvent. Enfin bref, je reviens à VSD . Oui, j’ai eu un beau papier dans la rubrique de Nicolas Rey. C’est la première fois qu’il parlait de moi, et cela m’a fait chaud au cœur. Je place ce moment dans cette belle catégorie des premières fois ; et Nicolas Rey sera peut-être heureux de savoir que je le range, à cet instant, tout contre la première fois où j’ai mangé un Hachis Parmentier. Ce n’est pas rien, Nicolas. Si tu savais comme j’aime ce qui est haché. Mais soyons précis : ce n’était pas tout à fait une chronique de Nicolas Rey. Énervé contre les quelques lectrices neurasthéniques qui aiment mes livres, il demanda à l’une d’entre elles d’écrire la chronique à sa place. Avec un objectif : « Si le papier est bon, je le passe. Sinon tu couches avec moi. Malheureusement pour moi, voici l’article… ». Drôle, non ? C’est ainsi que Fanny Enard a écrit un article sur mon dernier roman. Je suis allé sur Facebook pour la trouver, et lui proposer de ne pas s’arrêter en si bon chemin dans sa tentative d’infiltrer la presse. Je lui offre aujourd’hui ma place, en espérant qu’un autre journaliste lui proposera de continuer. Qu’elle devienne comme la flamme olympique des mots. Cher David, La lecture du dernier texte déposé sur ton blog a éveillé en moi des talents insoupçonnés de hackeuse. Quelques configurations de données binaires et soudures de connectiques triphasées sont venues à bout du système de sécurité du site livres hebdo pour me permettre de pénétrer dans le Saint des Saints et de m’élever avec toi contre la dictature des résolutions de début janvier. Comme chaque année, Noël a été synonyme de retour dans mon fief natal, bourgade provinciale où les quelques habitants épars connaissent tous le prénom de la boulangère et s’offrent leurs trop-pleins de légumes par-dessus les murets de leurs jardins. Retour à Paris, les valises gonflées de cadeaux et de poireaux, je m’accorde le droit de prendre un taxi et lance un jovial et sonore ‘bonjour’. Le dos derrière le volant ignore qu’il est le premier à bénéficier de ma résolution philanthrope et, heureuse de détenir un tel secret, j’oublie d’être prudente et le laisse entamer une discussion pour l’éternité de la course. Un monologue sans promesse de fin. Un enchaînement de banalités relatives au temps qu’il fait, au temps qui passe, au temps qui reste. Une sorte d’accord tacite est passé entre nous dès le deuxième feu rouge, je fais semblant de l’écouter et il fait semblant que les phrases qu’il marmonne me sont destinées. Je rentre chez moi avec une sympathie toute particulière pour les silencieuses têtes penchées en avant de mes futurs colocataires de rames de métro, impatiente de reprendre mon bon vieux roman dans l’anonymat le plus complet des transports en commun. Si tout comme moi, vous réussissez à ne pas voir l’octogénaire qui cherche floppi-floppant une place assise et à ne plus entendre les mastications, grincements de dentier et autres bruits de bouche, je vous souhaite plein de savoureuses lectures échappatoires en cette nouvelle année. Fanny
15.10 2013

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