Francfort 2016

Focus sur 7 marchés à la foire internationale du livre de Francfort

Vue de la Foire du livre de Francfort - Photo Olivier Dion

Focus sur 7 marchés à la foire internationale du livre de Francfort

L'économie du livre résiste plutôt bien, même si les situations sont très contrastées en fonction des pays, au vu du tour d'horizon organisé par la Foire de Francfort à la veille de son ouverture.

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Par Hervé Hugueny, Francfort
Créé le 18.10.2016 à 21h38 ,
Mis à jour le 19.10.2016 à 09h06

Alors que les constructeurs de stands travaillaient encore sans discontinuer au milieu d'éditeurs commençant à s'installer, pour l'ouverture de la Foire du livre de Francfort 2016 (19-23 octobre), les organisateurs de la manifestation tenaient dans une partie du hall 4 leur journée de pré-ouverture, "The Markets", consacrée à l'analyse de sept marchés du livre.

Cette année, le Brésil, les Émirats Arabes Unis, l'Espagne, les Pays-Bas et les Flandres, les Philippines, la Pologne et le Royaume-Uni étaient au programme, suscitant une attention inégale en fonction de la qualité des intervenants et des perspectives de développement supposées dans ces pays respectifs, en collaboration avec Publishing Perspectives, qui dépend aussi de la Foire. La France, invitée d'honneur l'an prochain, bénéficiera d'une présentation particulière le 20 octobre.

Le Royaume-Uni

Au vu des évolutions présentées par Andre Breedt, directeur de recherche international chez Nielsen, le livre résiste plutôt bien, même si les situations sont contrastées en fonction des pays, et même des indicateurs. Au Royaume-Uni, les ventes globales des éditeurs étaient stables en 2015, à 3,3 milliards de livres, export compris qui représente 54% du total, selon Stephen Lotinga, le nouveau directeur de l'association britannique. Mais le seul marché intérieur du livre imprimé, mesuré par Nielsen, était en hausse de 8,8% à 1,56 milliard de livres. Le numérique marquerait le pas, mais l'autoédition contrôlée par Amazon reste très difficile à évaluer – la seule production représenterait 21% des nouveautés. La préoccupation essentielle est bien l'impact du Brexit, encore non mesurable, mais qui consterne l'ensemble de l'édition.

L'Espagne

Le marché intérieur espagnol se redresse légèrement, à +0,9%, après plusieurs années de profond marasme. La reprise tient essentiellement au secteur éducatif (scolaire et universitaire) selon Javier Celay, directeur fondateur de l'institut d'étude Dosdoce. Il voit néanmoins des raisons d'espérer dans sa présentation des perspectives pour 2020, en prenant en compte l'ensemble du bassin linguistique espagnol (le troisième en nombre de locuteurs, après le chinois et l'anglais). Dans les ventes numériques encore faibles, à environ 5% du total, mais en croissance de 15%, plus de la moitié du chiffre d'affaires vient de l'export, vers l'Amérique latine et surtout vers les Etats-Unis, très dynamique. Les licenciements dans les maisons d'édition et les fermetures de librairies ont entraîné une vague de créations de petites entreprises, plutôt dans le numérique, par les plus déterminés des anciens salariés. Un quart des ventes numériques viendraient maintenant de l'autoédition.

Le Brésil, l'Italie, la Pologne et Les Emirats arabes

Au Brésil, les ventes sont en recul de 3,3% en volume, dans un marché dominé par la production américaine. Pour d'évidentes raisons démographiques, la jeunesse est le secteur le plus dynamique, représentant 43% des ventes, plus du double de l'Italie en proportion, dont le marché global se redresse (+0,9%). En Pologne, les éditeurs espèrent une réglementation du prix, en discussion depuis plusieurs années, alors que les Émirats arabes unis se voient comme une plateforme de diffusion dans la région, pour aller bien au-delà de leurs frontières, et sont à la recherche de partenariats avec des groupes internationaux.

Les Etats-Unis

Le choix des interventions d'ouverture a par ailleurs souligné un contraste frappant entre les Etats-Unis, caractérisés par une transformation profonde de leur secteur éditorial au vu de l'exemple de Wiley, passé de la diffusion de revues scientifiques à l'implication dans la formation et les ressources humaines, via sa connaissance du milieu de la recherche. A l'inverse, ce serait précisément les investissements dans la recherche et développement qui feraient défaut à l'édition européenne, même s'il y a quelques exemples encourageants selon Holger Volland, vice-président de la Foire de Francfort, chargé du développement.

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