3 janvier > Roman France > Boris Bergmann

Bien qu’il n’ait que 25 ans, Boris Bergmann fait partie de notre paysage littéraire, et l’on attend chacun de ses romans avec impatience. Parce qu’il sait prendre son temps (quatre livres en dix ans, celui-ci compris, depuis Viens là que je te tue ma belle, qui fit sensation en 2007 avec son prix de Flore du Lycéen, créé pour lui seul), et renouveler son inspiration tout en restant fidèle à ses fondamentaux : rendre compte de notre époque, à travers des histoires souvent chaotiques.

C’est le cas pour Issa et Elie, deux adolescents de banlieue, amis en dépit de tout ce qui les sépare, de leurs familles et des autres, violents, bêtes et méchants, racistes, intégristes de tout bord. Issa est un métis d’origine malienne, père berbère absent, mère africaine, Fatumata, convertie à l’islam, voilée et très pieuse. Elie, un juif qui vit avec sa mère, mystique paumée, et son atroce beau-père, qui le bat comme plâtre. Leur horizon, dans la Zone où ils vivent, est bien bouché, d’autant qu’ils viennent de rater leur bac. "Trouve-toi un travail, bon à rien", dit Fatumata à Issa, plutôt passif. C’est Elie, plus débrouillard et dégourdi, qui va trouver la solution : la piscine, la natation. Un sport rejeté par les Zonards : "sport de blancs, sport de pédé", et par les fondamentalistes : montrer son corps dans un lieu mixte est haram, péché. Mais les garçons, liés par une amitié presque amoureuse, tiennent bon. Elie surtout, qui prend Issa en charge, s’institue son coach pour qu’il devienne un jour maître-nageur. Il leur faudra surmonter bien des obstacles, bien des drames, avant de s’en sortir, et de commencer à vivre.

Les personnages sont attachants, le terrain parfaitement rendu, les situations véridiques, le tout à petites touches, dans un style efficace et poétique, fluide.

J.-C. P.

10.11 2017

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