Bien sûr que j’essaye de lire des livres. Bien sûr que j’ai du mal. Je picore, je prends les pages que j’aime, je suis volage et infidèle. Et pourtant, comme j’aimerais être avec un livre, m’installer confortablement avec ses virgules, et même ses défauts : les points-virgules. Cela m’arrive parfois de vivre une histoire dense avec un roman. Assez rarement c’est vrai. Mais il y a peu ce fut le cas avec le roman russe d’Emmanuel Carrère. Aucun écrivain ne peut passer à côté de ce livre, et comme tout le monde est écrivain, il y a de quoi faire un succès. Il en est de certains livres qui nous modifient, qui nous font changer de chemin, comme un homme pourrait partir en pleine nuit pour rejoindre une femme à Deauville. C’est presque romantique d’aimer un livre. Ainsi, après le roman russe, je me suis dit qu’il était temps que je parle vraiment de moi, que j’entame les contours autobiographiques, que je m’excite gentiment de mes névroses (réelles et belles). Ainsi, il me semble que je vais entamer bientôt mon roman suisse.   J’ai la chance d’être invité à un festival à New York, où Emmanuel Carrère sera là ( French Writing Festival ). Je vais y retrouver un autre de mes écrivains préférés : Jean-Philippe Toussaint. La Salle de bains a été le début de mon appartement littéraire. Et d’autres écrivains encore, j’ai hâte.   En fait, je voulais écrire pour parler d’une chose aussi importante que stupide. Et j’ai commencé par du sérieux. Mais je voulais dire que je lis peu, et qu’il y a un magazine dont je suis fou. Cela ne m’est jamais arrivé avant de lire un mensuel avec autant de régularité que les jours ont une fin. Ce magazine, c’est GQ . Je sais, c’est étrange, d’avouer cela. Mais je me sens bien avec GQ . J’aime la maquette, j’aime l’ambiance, j’aime les colonnes. Chose étrange : au départ, je ne suis pas du tout la cible. Je ne supporte pas d’aller dans un magasin. Mais ce journal a la force de m’attirer dans son cœur de cible. Depuis que je le lis, je m’interroge sur le pouvoir des chaussures en daim, et voici maintenant la nouvelle question existentielle de ma vie : faut-il oui ou non rentrer sa chemise dans le pantalon ? Attention, je ne réduis pas le magazine aux simples excitations de la mode. J’aime les pages culturelles, l’interview de Frédéric Beigbeder, et les trouvailles comme cette dernière page où l’on peut relire les meilleures phrases du journal. Oui, je sais, on va croire que j’écris ce blog pour me faire embaucher chez GQ . Pourquoi pas ? Mais j’en parle surtout maintenant, car dans le numéro de mars, il y a un livre en supplément : «  Les 100 choses à savoir quand on est un homme  ». Sous-titre : le Bible du Gentleman du XXIème siècle. Encore une fois, je suis comme une Marilyn Monroe qui aurait voulu qu’on la trouve intelligente. Oui, je suis brillant ! Oui, je suis drôle et j’écris des livres formidables et plein d’esprit ! Mais moi, c’est fini tout ça !... Je veux savoir me raser, je veux connaître les codes de l’élégance et du raffinement… Oh, comme j’aime ce livre… Au revoir Proust et Céline ! Attention : je suis sérieux. Ce petit livre est un bijou. Avec des chapitres intitulés : «  tu iras raisonnablement au pressing  » ou encore : «  tu laisseras ta femme choisir ton cadeau d’anniversaire  ». Je ne sais pas qui a écrit ce petit livre, mais je pense qu’un éditeur devrait le publier. Avant de partir, une petite phrase à méditer : «  tu ne porteras jamais de tongs… parce que c’est un peu comme avoir un string au pied.  »  
15.10 2013

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