Gibert Joseph face aux marketplaces

Gibert Joseph boulevard Saint-Michel, à Paris : l’achat de livres d’occasion aux particuliers. - Photo Olivier Dion

Gibert Joseph face aux marketplaces

L’enseigne s’organise pour contrer la concurrence des vendeurs sur les places de marché.

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Par Clarisse Normand,
avec Créé le 09.01.2015 à 12h02 ,
Mis à jour le 23.04.2015 à 10h06

Le secteur de l’occasion n’est pas un long fleuve tranquille, même pour son spécialiste historique, Gibert Joseph. Ayant dû surmonter la perte du scolaire, longtemps moteur de cette activité, l’enseigne doit aussi faire face à une concurrence qui ne cesse de se durcir avec le développement sur Internet de places de marché ouvertes non seulement aux professionnels mais aussi aux particuliers. Pourtant, assure Marc Bittoré, P-DG du réseau, "l’occasion occupe chez Gibert Joseph une place constante. La chute du scolaire a été largement compensée par le développement des rayons généralistes, à commencer par celui de la littérature. Et, dans cette configuration, nous maintenons notre activité." Achetant 4,5 millions de volumes d’occasion en moyenne par an, le groupe réalise avec ces derniers près de 35 % de son chiffre d’affaires livres, soit environ 29 millions d’euros sur un total de 83 millions. "L’occasion est un secteur particulièrement actif dans nos magasins situés dans les grandes villes, comme Paris bien sûr, mais aussi Lyon, Marseille ou encore Toulouse. Les gens y achètent et revendent davantage… peut-être en raison d’un rythme de vie et de consommation plus rapide, mais aussi de logements plus petits", observe Marc Bittoré.

Conscient de l’enjeu que représente l’approvisionnement naturellement aléatoire dans ce secteur, et rendu encore plus délicat avec le développement des marketplaces, Gibert Joseph a choisi depuis 2011 de mutualiser les stocks des livres d’occasion rachetés par ses magasins (une trentaine présents dans 17 villes différentes) ainsi que par son site Internet lancé fin 2010. A l’inverse de nombreuses marketplaces, où chaque revendeur assure lui-même les expéditions en cas de commandes, tous les livres sont centralisés et réexpédiés par l’enseigne. Dans un premier temps confiée à un prestataire extérieur, cette gestion logistique de l’occasion a finalement été reprise en interne en avril 2014. Elle a été rapatriée sur le site historique de Vitry-sur-Seine, réaménagé à cette occasion avec la mise à profit de la place libérée par le scolaire ainsi que par le départ et l’arrêt de l’atelier de menuiserie qui fabriquait le mobilier de rangements pour l’enseigne.

Compétition sur les prix

Mais à côté de la disponibilité de l’offre, l’autre facteur clé dans ce secteur d’activité non soumis à la loi Lang concerne la compétitivité des prix. Sur Internet, la compétition est même redoutable dans la mesure où toutes les offres d’un même titre apparaissent avec leurs différents prix de vente. Dès lors, Marc Bittoré ne cache pas que la surveillance régulière des prix, afin de pouvoir procéder à d’éventuels réajustements tarifaires, est devenue essentielle. Reste qu’il convient de ne pas trop pénaliser les marges. S’appuyant sur des algorithmes très précis pour établir la fixation des cours de vente et d’achat, Gibert Joseph affiche ainsi des marges brutes se situant en moyenne autour de 45 %. En tenant compte des lourds coûts de traitement des ouvrages et de l’absence de droit de retours, les marges nettes sont bien sûr supérieures à celles en vigueur dans le neuf… mais pas forcément dans des proportions démesurées, contrairement à certaines croyances. C. N.

09.01 2015

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