4 janvier > Jeunesse France > Benjamin Desmares

L’image du "roman coup de poing" est si galvaudée qu’elle est devenue un cliché. Ici elle est à prendre au sens propre. "Ba-Ba-Bam", telle est la signature de Blaise, 16 ans. Trois coups de poing dans le bide de qui le regarde un peu de travers, de qui fait un peu trop le mariole ou simplement de qui passe par là. La cour du collège grouille de victimes de choix. "Ils sont le banc d’anchois et toi le grand requin blanc. Prédateur ultime. […] C’est agréable, ce sentiment d’invincibilité." C’est physique, c’est instinctif, c’est plus fort que lui, Blaise la baraque cogne sur tout ce qui dépasse (ou pas, d’ailleurs). Tant que sa victime n’est pas à terre, humiliée, tordue de douleur et la lèvre en sang, il ne la lâche pas. Plus il cogne, plus il est en rogne. Contre quoi ? Contre qui ? S’il le savait, il irait mieux. Il est invaincu dans les bastons du collège, mais pas dans celles de ses rêves. Là, il ne fait plus la loi, là, un adversaire invisible le terrasse. Comme cette silhouette cagoulée qu’il ne cesse de croiser, depuis qu’il erre, désœuvré, dans les rues de la ville après avoir été viré du bahut. Livré au désarroi d’une mère bien seule et au temps vide qui s’ouvre à l’infini devant lui, Blaise devra affronter les ombres du passé. Ecrit à la deuxième personne du singulier, ce roman très court est d’une implacable densité. Il décoche ses coups dans le bide, assène ses phrases sèches et nerveuses, plongeant dans les rouages troubles de la violence et de son corolaire, la fragilité. Magistral. Fabienne Jacob

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