8 septembre > Essai France

Il se présente comme journaliste en art de vivre. Soit. Disons plutôt que vivre lui est un art, subtil, secret. Vivre, livre, ivre, tout cela se mélange aussi bien qu’un Laberdolive et un Cohiba dans la vie de cet amateur de chemins buissonniers qu’est Léon Mazzella. Le voilà donc qui publie un Dictionnaire chic du vin dans la jolie collection dirigée par Arnaud Le Guern chez Ecriture. Le contraste est saisissant tant la rigueur du dictionnaire semble opposée au goût du pas de côté chez cet irrégulier des lettres. A l’arrivée, c’est parfait, le programme se déroule bien de A à Z en passant par soi et les copains. On y croise quelques vaillants compagnons, Kauffmann, Authier, Lapaque, mais aussi le souvenir des maîtres à lire, à vivre, à écrire et parfois à boire de Mazzella : Veilletet, Blondin ou Julien Gracq. On n’ignorera rien à sa lecture de la beauté persistante des bordeaux ou de la bonté de ces vins que l’on dit de pays pour mieux cacher l’ignorance que l’on a d’eux, rien non plus de ce qu’il convient de manger, de fumer, voire de dire et de faire avec chacun de ces breuvages. Chaque entrée du dictionnaire est comme une petite épiphanie proposée par le plus sereinement hédoniste des guides. Avant d’être un savoir, le vin est un plaisir. Léon Mazzella nous y initie avec une belle indolence, se promenant entre le zig et le zag, à fines touches, sur le registre de la sensation. Ce qui pour le coup est un art de vivre et aussi - comme ça se trouve - une définition possible de la littérature. O. M.


28.08 2015

Les dernières
actualités