Procès

Journal d'une infiltrée : le FN fait appel du non-lieu

Claire Checcaglini, auteure de “Bienvenue au Front - Journal d'une infiltrée”, (Jacob Duvernet, 2012). - Photo DR

Journal d'une infiltrée : le FN fait appel du non-lieu

Le Front national a fait appel de l'ordonnance de non-lieu dans la plainte pour escroquerie déposée contre Claire Checcaglini, l'auteure d'un reportage, infiltrée dans le parti d'extrême droite.

Par Hervé Hugueny,
avec avec l'AFP Créé le 31.12.2014 à 16h26 ,
Mis à jour le 16.01.2015 à 15h03

"Nous avons interjeté appel", a déclaré à Livres Hebdo Me Wallerand de Saint-Just, avocat du Front national, à propos de l'ordonnance de non-lieu rendue par la juge d'instruction concernant la plainte pour escroquerie déposée par le parti d'extrême droite contre Claire Checcaglini, auteure de Bienvenue au Front - Journal d'une infiltrée, publié en février 2012 chez Jacob Duvernet.
 
La journaliste s'était infiltrée pendant plusieurs mois au FN afin d'en raconter l'envers du décor, rappelle l'AFP, qui a révélé la décision de justice. En 2011, elle avait pris une fausse identité pour entrer au parti, fait le récit de son militantisme au sein de la fédération des Hauts-de-Seine du parti d'extrême droite, puis à Paris.
 
En reprenant les paroles radicales de militants ou cadres croyant s'exprimer devant l'une des leurs, l'auteure voulait démystifier le FN "light" mis en avant par l'arrivée de Marine Le Pen à sa tête.
 
En parallèle à une procédure en diffamation à Paris pour laquelle Claire Checcaglini a été relaxée en juin dernier, le FN avait déposé plainte pour escroquerie à Nanterre, en décembre 2012. Pour être constitué, ce délit nécessite que son auteur se fasse remettre des fonds ou un bien par la ruse, indique l'AFP.
 
Des biens incorporels

Or, le FN n'est "pas propriétaire" des opinions des militants recueillies par la journaliste et de telles opinions demeurent par ailleurs des biens incorporels, a souligné la juge dans son ordonnance, selon une source proche du dossier. De plus, un parti "ne saurait sérieusement soutenir" que la révélation des opinions de ses militants lui est préjudiciable si celles-ci n'ont pas été falsifiées, peut-on lire dans l'ordonnance, selon la même source.
 
Le FN estimait que la journaliste avait bien tiré un profit par ses méthodes, en l'occurrence les revenus tirés de la vente du livre. "Contribuer au débat public en s'intéressant aux idées des militants, à l'idéologie et à la stratégie d'un parti politique relève du droit à l'information et de la liberté d'expression", a toutefois souligné la juge d'instruction, selon la source proche du dossier.
 
Saluant une "très belle décision", l'avocate de Claire Checcaglini, Me Lea Forestier, a aussi dit qu'elle relevait "toutes les contradictions au FN. Ce parti veut apparaître démocratique, mais il veut absolument contrôler l'image que pourrait donner l'opinion de ses adhérents. Et il refuse toute transparence", a-t-elle déclaré.

Le livre n'est plus disponible, son éditeur ayant fait faillite en avril dernier.

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