Justice

Dans son ouvrage Lacan envers et contre tout publié au Seuil en septembre 2011, Elisabeth Roudinesco n’a nullement diffamé Judith Miller, la fille du psychanalyste estime la Cour d’appel de Paris dans un arrêt rendu le 24 septembre, annoncé par l’éditeur dans un communiqué. La Cour infirme le jugement du tribunal de grande instance de Paris rendu le 11 janvier 2012, et inverse les termes de la décision initiale en condamnant Judith Miller aux dépens et à verser au total 6 000 euros au Seuil et à Elisabeth Roudinesco, au titre de l’article 700 du code de procédure civile.
 
Dans ce livre publié à l’occasion de la commémoration de la mort du psychanalyste survenue 30 ans plus tôt, Elisabeth Roudisnesco écrivait : “Bien qu’il (Jacques Lacan) eût émis le vœu de finir ses jours en Italie, Rome ou à Venise, et qu’il eût souhaité des funérailles catholiques, il fut enterré sans cérémonie et dans l’intimité au cimetière de Guitrancourt.” Judith Miller s’estimait gravement mise en cause par cette phrase supposant selon sa lecture qu’elle n’avait pas respecté les volontés de son père, et qu’elle aurait ainsi “trahi la volonté d’un mort, ce qui constitue une faute grave contre la morale et un délit” rappelle l’arrêt de la Cour. 
 
La Cour a interprété tout autrement la phrase en question, jugeant qu’elle visait à “mettre en lumière des “paradoxes” de Jacques Lacan et nullement imputer à ses proches, à travers ces quelques lignes publiées relatives aux funérailles, un quelconque grief de trahison”. Le tribunal de grande instance “s’est donc mépris sur l’identité de la personne visée par les propos à savoir Jacques Lacan lui-même, et non sa fille”, souligne l’arrêt.
 
Cette interprétation, que défendait Elisabeth Roudinesco depuis le début, n’est pas “une construction intellectuelle faite a posteriori pour les besoins de la procédure” ajoute la Cour d’appel. Jacques Lacan était notoirement athée, mais pas exempt de propos contradictoires “par bravade”, rappelle-t-elle. L’arrêt est disponible sur academia.edu, publié par Elisabeth Roudinesco. Son livre vient par ailleurs d’être réédité en poche chez Points, filiale du Seuil. 
 
En 2013, Jacques-Alain Miller, le mari de Judith Miller, avait été débouté d’un autre procès en diffamation intenté à Elisabeth Roudinesco en raison de propos publiés sur sa page Facebook, et à la société internationale d’histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse (SIHPP) dont elle est présidente, ainsi qu’à divers intervenants proches dans le différend. Jacques-Alain Miller, qui publiait les célèbres séminaires de son beau-père au Seuil jusqu’en 2011, a ensuite transféré l’édition de ces textes chez La Martinière, maison mère du Seuil.
 

Les dernières
actualités