6 avril > Premier roman France > Frédéric Arnoux

Le narrateur de cette sombre histoire est un sale type. Un raté, un fainéant qui, à 23 ans, lorsque commence le roman, le 4 juin 1984, s’apprête à quitter sans regret son boulot d’emballeur de palettes, dans une usine près de Besançon. Non loin de chez Lip, symbole du naufrage d’une culture, d’une région, d’une utopie prolétarienne. Pour vivre, il est dealer local pour le compte de son pote Kader, écoulant son poison dans les lycées ou les boîtes alentour. Un minable, donc, qui, bien sûr, Messieurs les jurés, n’a pas eu beaucoup de chance dans la vie : il n’a pas connu ses parents, et vit chez son oncle et sa tante, prolos, alcoolos, géniteurs de deux fils sans grand avenir non plus. Un soir que Kader, le caïd flambeur, l’emmène à Genève faire la fête, on le présente à Ninon, une riche bourgeoise, héroïnomane, énigmatique, et terriblement séduisante. Leur rencontre est un choc social, générationnel. Au début, il lui sert de gigolo, mais la relation évolue, dérape : il tombe fou amoureux de sa "vieille maîtresse". Et réciproquement, semble-t-il : elle l’emmène à Séville pour un simulacre de mariage. Mais il apprendra à ses dépens ce qu’est la duplicité, et la souffrance.

Frédéric Arnoux, qui paraît avoir mené un parcours assez chaotique, entre en littérature avec un premier roman sans doute un peu autobiographique, à la fois thriller (le "héros" est pourchassé par une bande de débiles fous furieux, les Desbié, qui passent leur temps à lui mettre des raclées) et sociétal. Un western dans le quart-monde des 80’s, porté par un style polar mâtiné d’humour à froid.

Jean-Claude Perrier

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