2 février > Histoire France > Myriam Deniel-Ternant

On pouvait voir jusqu’à la semaine dernière au Louvre une étonnante exposition sur un collectionneur suédois du XVIIIe siècle qui se disait volontiers "polisson". L’un des clous de sa collection était une nonne en prière représentée recto-verso. De face on la voit agenouillée, les mains jointes. De dos, ses jupes relevées montrent ce que Jean-Pierre Marielle considérait comme la preuve de l’existence de Dieu dans Les galettes de Pont-Aven

Cette huile plutôt leste de Martin van Meytens aurait pu illustrer l’ouvrage de Myriam Deniel-Ternant. Elle y relate à la même époque la chasse aux curés lubriques, aux abbés concupiscents et aux ecclésiastiques en débauche. Et ils furent bien plus nombreux qu’on ne le pense ! Elle donne en annexe la liste des religieux pris en flagrant délit chez les prostituées parisiennes.

A l’origine de ce travail de recherche qui fit l’objet d’une thèse avec cartes et statistiques, Myriam Deniel-Ternant s’est posé une question. Pourquoi la littérature et les arts représentent-ils autant ces religieux débridés s’ils furent réellement aussi exemplaires que cela ? La réponse se trouve dans ces rapports de police et ces jugements avec trois délits de crimes sexuels sanctionnés - peine d’une extrême rareté - par une condamnation à mort.

Que peut-on tirer d’un tel travail ? D’abord une meilleure connaissance de ces Lumières décidément très tamisées. Ensuite le constat que les affaires qui surgissent aujourd’hui dans l’Eglise sont posées par des problèmes qui existaient déjà hier. L. L.

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