14 novembre > roman Bolivie

Mario Vargas Llosa se montre formel. A propos d’Edmundo Paz Soldan, le prix Nobel de littérature a déclaré : "Il s’agit là de l’une des voix les plus novatrices de la littérature latino-américaine d’aujourd’hui." Ce que l’on vérifie aussitôt plongé dans Norte où le Bolivien entrelace avec talent trois destins et trois époques.

Nous voici d’abord au Mexique, en 1984. Jésus traîne avec ses cousins Medardo et Justino. Ces garçons jouent du couteau dans les rues de Villa Ahumada, volent sacs à main et portefeuilles. Ils fréquentent le club de strip-tease, boivent des verres et regardent les filles accrochées à la barre de pole dance. Le taiseux Jésus n’en perd pas une miette. Le garçon vit avec sa mère et sa sœur, devenue si opaque depuis quelques années. Cette Maria Luisa pour qui il ressent un désir contre nature. La violence qu’il a en lui finit par jaillir, lorsqu’il viole et tue Suzy, la danseuse, à son retour du California.

Au Texas, en 2008, on croise ensuite Michelle. Elle a 25 ans, écoute Joy Division, bosse chez Taco Hunt. La jeune femme a pour père un réparateur de téléviseurs inconsolable de sa Bolivie natale. Rêvant de créer des bandes dessinées, Michelle sort en boîte avec la Jodida et son petit ami. Sam prépare une thèse et anime une émission de radio consacrée aux "crimes les plus sensationnalistes".

En Californie, en 1931, enfin, il y a Martin, un homme dont la vie, "ce n’était qu’avoir honte de ce qui arrivait". Il ne voit plus sa femme et ses enfants, aime dessiner et se met à compter quand il est fâché. Sans travail, Martin est arrêté, puis envoyé à l’hôpital… Edmundo Paz Soldan varie les registres tout au long de Norte. Un conte moderne, jalonné de bruit et de fureur, qui révèle un romancier d’envergure.

Al. F.

31.10 2014

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