Traditionnellement fréquentées par une population dotée d’un capital culturel important, tels les cadres supérieurs et les professions intermédiaires, les librairies de premier et de second niveau ont bénéficié à partir de la fin des années 1970 d’une diversification de leur clientèle, contribuant à l’émergence du modèle de la grande librairie généraliste, proposant de tout à tous. Une parenthèse en train de se refermer ?

L’accès toujours plus large à d’autres produits culturels, conjugué à un marché du livre tendu depuis une dizaine d’années, a en effet conduit de nombreuses libraires à se recentrer sur leur cœur de cible : implantation dans des quartiers en cours de gentrification, notamment à Paris ; assortiment davantage centré sur la littérature, les sciences humaines et la jeunesse, au détriment en particulier du rayon pratique ; élargissement de l’activité commerciale pure vers des pratiques d’ordre culturel ; mutation des lieux vers des espaces mixtes.

Cette évolution accrédite l’hypothèse d’une gentrification d’un pan croissant de la librairie française, confortée par la mutation du commerce en général, particulièrement dans les grandes villes. La librairie et avec elle le livre risquent-ils de se trouver confinés dans des secteurs géographiquement et socialement délimités, et de ne plus accéder qu’à une catégorie restreinte de la population ?

D’autres modèles émergent pour continuer à toucher le plus grand nombre. Mais de la librairie ambulante aux librairies en milieu rural, en passant par les concepts mixtes associant, par exemple, coiffure et vente de livres, ils restent encore marginaux. C. Ch.

05.01 2018

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