En janvier 2019 ouvrira à Bayeux une médiathèque au projet très original, avec des partis pris poussant très loin le concept de 3e lieu : accueillant, centré sur les usagers, avec une forte dimension participative. Chargé de remplacer l’actuelle bibliothèque, vieillotte et dont les usagers inscrits ne totalisent que 10 % de la population, le futur établissement sera notamment le premier en France à proposer un service de prêt d’objets divers - machines à coudre, télescopes, jumelles, instruments de musique - permettant aux usagers de s’adonner aux arts, aux loisirs créatifs et aux sciences. Sur les 2 500 m2 d’espaces publics de ce bâtiment imaginé par l’architecte David Serero, également concepteur de la médiathèque de Lezoux (Puy-de-Dôme), élaborée selon une philosophie comparable, les collections seront présentées suivant un classement thématique et une présentation inspirés des librairies, avec des présentoirs, des tablettes inclinées, des tables de présentation. Toute l’équipe sera d’ailleurs formée aux techniques de merchandising à l’Institut national de formation de la librairie (INFL).
"Ces principes sont validés par le marché, revendique Nicolas Beudon, directeur de la bibliothèque de Bayeux. S’ils sont efficaces pour vendre des livres, c’est qu’ils correspondent à la manière de penser des gens aujourd’hui." Une place centrale sera réservée aux pratiques amateurs et à la créativité des usagers via de nombreux ateliers, du jardinage au numérique en passant par la création audiovisuelle. Promoteur en France des démarches de design thinking, qui associe de manière active les usagers à la conception des projets et des services, Nicolas Beudon a eu à cœur d’y recourir, même de manière limitée compte tenu des délais imposés pour l’élaboration du programme. Les adolescents ont été invités à imaginer leur bibliothèque idéale lors de trois rencontres. Les méthodes de travail sont alignées sur la dimension innovante du programme avec un organigramme composé de 4 pôles (collections, action culturelle, usagers, stratégie et organisation) qui favorise la transversalité et le travail en mode projet. Pour mieux communiquer sur cet établissement hybride, mêlant des activités de loisirs, de culture, de création, l’équipe réfléchit à la création d’une identité de marque, dans laquelle le terme "bibliothèque", considéré comme trop marqué, passera au second plan. "Il renvoie pour certains usagers à l’image d’une institution obsolète", justifie le directeur. A son ouverture, le nouvel équipement, actuellement municipal, sera transféré à l’intercommunalité Bayeux Intercom qui rassemble 30 000 habitants. Véronique Heurtematte
