4 mai > Premier roman Argentine > Camilo Sánchez

Dans le panthéon des femmes qui ont œuvré dans l’ombre à la gloire d’un artiste, Johanna Van Gogh-Bonger mérite une place de choix. Hommage rendu avec vivacité par le journaliste argentin Camilo Sánchez qui offre son premier roman en forme de docu-fiction à cette jeune femme aussi remarquable que peu connue, épouse de Théo, belle-sœur de Vincent, sœur d’André Bonger, le meilleur ami de Théo. Récit qui débute à Paris trois jours après la mort du peintre en août 1890 et s’achève aux Pays-Bas deux ans et demi plus tard, La veuve des Van Gogh s’attache au rôle décisif de celle qui s’est dévouée pour sortir l’œuvre de son génial beau-frère de l’obscurité et de la clandestinité.

"Je me suis toujours sentie un peu comme une intruse, un intermédiaire entre les frères Van Gogh", consigne l’ancienne étudiante en littérature anglaise à Londres, dans son journal intime dont les extraits éclairent de l’intérieur ce roman biographique. Mêlant sa voix, Camilo Sánchez raconte comment cette très jeune veuve de 28 ans - Théo, terrassé par le deuil et la maladie, n’a survécu que six mois à son frère aîné -, qui n’avait rencontré Vincent Van Gogh qu’une seule fois, pendant quatre jours seulement, deux mois avant sa mort, s’est très vite sentie dépositaire du sort des quelque 600 tableaux dont la plupart étaient entreposés dans la maison du couple à Pigalle. Avant de revendiquer officiellement l’héritage d’une œuvre dont personne ne voulait, Johanna Van Gogh-Bonger a d’abord lu, fascinée, les 651 lettres de Vincent qu’elle fera publier vingt-quatre ans plus tard à Amsterdam. Et c’est à la Villa Helma, une maison acquise à une vingtaine de kilomètres d’Utrecht, transformée en pension de famille, qu’elle exposera les tableaux de son beau-frère et accueillera les premiers amateurs. Archiviste, exécutrice testamentaire, éditrice, commissaire d’exposition… : une solide femme d’intuition à qui l’histoire de l’art doit beaucoup. V. R.

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