18 mai > Essai Pologne - Italie > Zygmunt Bauman et Ezio Mauro

On doit à Zygmunt Bauman (1925-2017) le concept de "société liquide". Pour ce sociologue polonais dont on découvre l’ampleur des travaux, il s’agit de désigner autrement la postmodernité. Selon lui, une société "solide" se caractérise par des structures collectives. La société "liquide", elle, ne se réfère qu’à l’individu qui consomme. Les liens permanents entre les gens deviennent donc impossibles en dehors de l’adaptation à la consommation.

On retrouve cette critique du modèle économique néolibéral dans Babel. Dans cette conversation avec Ezio Mauro, le directeur du quotidien italien La Repubblica, Zygmunt Bauman développe sa réflexion. Depuis que le monde s’est morcelé en tweets, le babil de Babel exprime un désordre nouveau. Le réel s’est lui aussi atomisé. Les réseaux sociaux produisent des opinions privées, mais pas de l’opinion publique.

La crise qui s’installe devient passage d’un monde à un autre. Inégale pour chacun, elle indique un futur d’autant plus incertain qu’on regarde de moins en moins devant soi et de plus en plus son nombril. Dans cette situation, la politique est réduite à de l’événement, et l’événement à ce qu’on en pense. Tout le monde est connecté, mais les fils qui nous relient les uns aux autres sont fragiles.

Pour éviter que ce "liquide" sociétal ne se transforme en "vapeur", les auteurs misent sur la générosité qui affleure. Cet essai montre toute la richesse de la pensée de Bauman et son importance pour comprendre les mutations actuelles. L. L.

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