5 avril > roman Norvège > Geir Gulliksen

"Nous avons existé autrefois. Nous avons vécu ensemble. Aujourd’hui, cette vie est révolue." Un homme raconte sa version d’une histoire qui a mal tourné. Elle avait pourtant débuté dans la félicité et la promesse d’une longévité sans ombrage. Jon est marié et père d’un bambin quand il rencontre Jiminy, à l’occasion d’une visite médicale. Est-ce une évidence ou la providence? Peu importe, le charme opère d’emblée des deux côtés. Lançant un mauvais sort, l’épouse éplorée et trahie espère que son mari connaîtra un jour cette même douleur. Mais pour l’heure, le nouveau couple roucoule.

"Il y a toujours quelque chose d’un peu désespéré dans le bonheur, dans le fait de s’abandonner à l’autre." Jon et Jiminy se laissent emporter par ce tourbillon d’émotions, qui les conduit à fonder une famille. Comment définir l’amour qui les unit? "Le mot désigne un sentiment, mais il est trop petit." Emerveillé, l’homme pressent qu’il est "libre comme jamais auparavant". Il décrit aussi remarquablement les rapports de force ou d’égalité qui s’instaurent.

Jon recommande à Jiminy de "se sentir vivante", mais à force de jouer avec le feu, il va être "zappé, oublié, écarté" par un autre homme. Ce trio en rappelle un autre, dans Le roman du mariage de Jeffrey Eugenides. Auteur de romans pour adultes et pour enfants, dramaturge et éditeur du célèbre Knausgaard, Gulliksen pousse un cri déchirant, une ultime déclaration à la femme aimée. "Qu’est-ce qui nous est arrivé ? Tu le comprends, toi ?" L’amour peut-il devenir amer? Est-il forcément éphémère? K. E.

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