Royaume-Uni

L’auteur Allan Ahlberg refuse un prix parrainé par Amazon

L'auteur britannique Allan Ahlberg. - Photo Capture d'écran Youtube

L’auteur Allan Ahlberg refuse un prix parrainé par Amazon

Lauréat d’un prix remis par l’association Booktrust,  l’auteur de livres jeunesse Allan Ahlberg a décliné la récompense qui est parrainée par Amazon. Une façon de protester contre les pratiques fiscales du cybermarchand.

Par Souen Léger,
avec The Guardian, The Bookseller Créé le 11.07.2014 à 15h12

L’auteur de livres pour enfants Allan Ahlberg, édité en France par Gallimard jeunesse, a refusé un prix récompensant l’ensemble de son oeuvre au motif que celui-ci est sponsorisé par Amazon, rapporte The Guardian. Outré par les pratiques fiscales de la firme au Royaume-Uni, il s’est en effet "senti obligé" de décliner le prix, écrit-il dans une lettre au Bookseller.
 
Outre-Manche, l’attitude du géant de la vente en ligne s’est attirée les foudres de nombreux lecteurs, libraires et politiques. Au début du mois de mai, la députée Margaret Hodge, présidente du comité parlementaire sur les comptes publics, a exhorté les consommateurs à boycotter Amazon après avoir découvert que l'entreprise n’avait payé que 4,2 millions de livres d’impôts l’année dernière alors que ses ventes au Royaume-Uni lui avaient permis d'empocher 4,3 milliards de livres.
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"On parle souvent de l’influence néfaste d’Amazon sur le marché du livre britannique – regardez aussi ce qui se passe avec Hachette en Amérique – mais c’est sa position de "mauvais payeur d’impôts N°1 au Royaume-Uni" qui me dérange", explique l’écrivain. "Les impôts, appliqués à tous de façon équitable, sont une bonne chose. Ils payent les écoles, les hôpitaux, les bibliothèques ! Quand les entreprises comme Amazon trichent – payant 0,1% sur des milliards, prétendant ne pas gagner d’argent au Royaume-Uni mais au Luxembourg – c’est une mauvaise chose […] Pour ma part, l’idée que "la réussite de ma vie", c’est-à-dire les livres, soit associée au nom d’Amazon est inacceptable", assène-t-il.
 
Allan Ahlberg souligne par ailleurs que toute la chaîne du livre est affectée par l’omniprésence d’Amazon. "Ça marche dans les deux sens : Amazon sponsorise Booktrust ; Booktrust sponsorise Amazon, et nous tous – écrivains, dessinateurs, éditeurs, juges – sommes entraînés".
 
De son côté, Nicola Solomon, directrice de la Société des auteurs, dit ressentir un peu de compassion pour Amazon. "Nous avons toujours dit que l’une des raisons pour lesquelles nous critiquons Amazon est qu’il ne reverse rien dans l’économie générale du livre… Ils sont condamnés s’ils agissent, et condamnés s’ils n’agissent pas", dit-elle, tout en affirmant avoir conscience que ce parrainage n’est qu’une façade.
 
Ce n’est pas la première fois que Booktrust fait polémique pour son choix de sponsors. Entre 1985 et 2007, l’association a travaillé avec Nestlé, ce qui avait conduit des auteurs comme Melvin Burgess et Gillian Cross à envoyer une lettre, en 2003, annonçant qu’ils ne voulaient pas être associés au prix. Ils protestaient alors contre le programme de promotion du lait en poudre mené par la firme dans les pays en voie de développement.

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