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Le Beau sauvera le monde

Arthur Schopenhauer - Photo Akg images/Ullstein Bild/Buchet-Chastel

Le Beau sauvera le monde

Dans un essai sur Schopenhauer, Thomas Mann rappelle son admiration pour le philosophe du pessimisme.

Par Sean James Rose
Créé le 23.02.2018 à 13h37

Grand lecteur d’Homère, de Dante, de Shakespeare, de Goethe…, Schopenhauer (1788-1860) est l’un des philosophes les plus littéraires. La littérature le lui rend bien, sa pensée séduit nombre d’écrivains. En affirmant que la volonté (l’aveugle vouloir-vivre) a la prééminence sur l’intelligence (les illusoires représentations de l’intellect produites à seule fin de justifier la pulsion de vie), il théorise le pessimisme en philosophie : Schopenhauer, c’est la pensée du tragique antique étayée par la rigueur kantienne. Ce qui n’est pas pour déplaire à son compatriote et grand écrivain de la décadence Thomas Mann, qui le tient pour un maître. Le prouve son essai qui introduit ces pages choisies du philosophe dans la collection "Les auteurs de ma vie" chez Buchet-Chastel. S’il est vrai que Schopenhauer trouve une issue possible à ce struggle for life, si peu éthique dans l’esthétique : l’art, la poésie, notamment, la musique, tout ce qui nous décolle le nez du guidon de la survie, c’est la beauté. Il est intéressant, même touchant (c’est la subjectivité de la lecture de Schopenhauer par Mann qui donne tout le sel de cette préface), de voir combien l’auteur de Mort à Venise tire le philosophe vers ses propres préoccupations autour du Beau platonicien : "La beauté qui n’aurait pas le soutien de la vérité, qui ne naîtrait pas d’elle et ne vivrait pas grâce à elle, serait pure chimère." Une beauté, juste, vraie, et éternelle en somme. S. J. R.

23.02 2018

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