ÉDITION 2010

En 2010, la moitié des salariés de l'édition gagnait moins de 37 830 euros de salaire brut annuel, soit 3 153 euros mensuels, selon l'estimation de l'enquête sociale de branche examinée cette semaine par les représentants du Syndicat national de l'édition et ceux des syndicats de salariés. Ligne de partage entre la moitié des effectifs qui gagne plus et la moitié qui gagne moins, ce salaire médian a progressé de 1,2 % par rapport à l'année précédente, alors que l'inflation a atteint 1,8 %. Son niveau relativement élevé par rapport à d'autres secteurs s'explique par le profil des salariés, composés à 78 % de cadres, et pour l'essentiel installés à Paris. Les centres de distribution ne sont pas inclus, car ils ne relèvent pas de la convention collective de l'édition. En comparaison, le salaire médian dans les collectivités territoriales, selon les chiffres de l'Insee de 2007, était de 18 464 euros en 2007 ; pour l'ensemble des salariés du secteur privé, il était de 19 149 euros, et de 38 334 euros pour les cadres. Le salaire médian n'était pas calculé dans les précédents rapports de branche de l'édition.

Pression sur les salaires minimaux

Les 10 % de salariés les moins payés ont perçu moins de 27 000 euros, contre 26 763 euros l'année précédente (+ 0,9 %) ; les 10 % les mieux payés ont reçu plus de 61 207 euros, contre 59 000 euros en 2009, soit une hausse de 3,7 %. Du coup le coefficient entre les mieux payés et les moins payés s'est légèrement accru, de 2,20 en 2009 à 2,26 en 2010. Il y a évidemment des disparités par échelon, où la progression d'une année sur l'autre n'est pas systématique. Parmi les techniciens et agents de maîtrise, les salaires moyens 2010 de quatre des huit échelons sont inférieurs à ceux de 2009. Chez les cadres, les salaires moyens des dix échelons progressent presque tous, sauf un. En revanche, la pression semble certaine sur les salaires minimaux, qui correspondent à des embauches pour l'essentiel : sur cinq échelons « cadres », le salaire le moins élevé en 2010 était inférieur à celui de 2009.

Le salaire maximal reste inchangé, à 300 000 euros, soit 18,6 fois le salaire le plus faible relevé dans l'enquête. Il se trouve que ce maximum est attribué à un homme, alors que c'est une femme qui perçoit le minimum. Entre ces deux extrêmes, les salaires médians confirment que les femmes, qui représentent 73 % des effectifs, restent moins payées que les hommes. Chez les femmes, le salaire médian s'établit à 36 600 euros, contre 41 522 euros. L'écart qui était de 10,9 % en 2009 s'est amplifié, pour atteindre 13,4 % en 2010. Calculé sur les 34 entreprises dans lesquelles ce ratio est possible, le nombre de femmes dans les dix plus hautes rémunérations s'est en revanche réduit à 5,9 en 2010, contre 6,6 en 2009.

Les recrutements sont également en hausse. Dans les entreprises retenues pour l'enquête, les effectifs ont augmenté de 3,4 %. L'enquête annuelle de branche (EAB), réalisée sur une base plus large, avait constaté une hausse de 2,5 % du nombre de salariés. Mais les entreprises se sont montrées très prudentes : si les embauches ont bien repris en 2010, les rentrées en CDI sont moins nombreuses. De fait, le nombre de CDD atteint 8 % des effectifs, contre 6 % en 2009. Sur le même périmètre des sociétés considérées, les départs ont diminué (voir ci-contre).

Ce rapport confirme une grande stabilité dans la plupart des indicateurs, à l'image du secteur lui-même. 57,8 % des salariés ont moins de 45 ans (contre 58 % en 2009), 31 % ont plus de quinze ans d'ancienneté (30 % l'année précédente). Les proportions hommes/femmes, cadres/techniciens/ employés ne varient presque pas.

La formation en nette hausse

La seule différence importante concerne la formation, dont le nombre d'heures a progressé de 28 % entre 2009 et 2010. Si la plupart des types de formation ont progressé (droit ou congé individuels, plan), l'essentiel de la hausse vient du doublement du nombre d'heures en contrats d'apprentissage, sans que cela concerne toutefois un grand nombre de jeunes salariés (29 sur 4 264).

Cette stabilité globale s'explique peut-être aussi par la méthode appliquée dans la constitution du périmètre de l'enquête. Pour travailler sur un groupe d'entreprises rigoureusement comparable d'une année sur l'autre, le cabinet d'étude chargé de réaliser cette étude par le SNE n'a retenu parmi les répondantes de 2010 que celles qui ont fourni des données en 2009. Ainsi, sur les 580 maisons sollicitées, 66 ont retourné le questionnaire, soit 7 715 salariés (contre 79 maisons répondantes sur 530 contactées en 2009), mais l'enquête n'a finalement retenu que les quarante communes aux deux années, soit une base de 3 582 salariés en 2010. D'autre part, la régularité de retour du questionnaire est meilleure parmi les grandes entreprises du secteur (plus de 300 salariés). Ce rapport de branche donne donc une idée fiable de la situation des salariés des grands groupes, sans distinguer celle des PME, peut-être plus contrastée.

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