"Le crowdfunding est bien perçu par le public"

Cécile Palusinski - Photo DR

"Le crowdfunding est bien perçu par le public"

Cécile Palusinski, spécialiste du financement participatif dans le secteur culturel, estime que la librairie a plus de chances que l’édition de réussir ses collectes.

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Par Cécilia Lacour,
avec Créé le 26.01.2018 à 00h44

Présidente de l’association La Plume de paon, qui promeut le livre audio francophone dans ses dimensions sociale, culturelle et pédagogique, Cécile Palusinski est aussi spécialiste du crowdfunding dans le secteur culturel. Elle a fondé Numered Conseil, une agence de conseil et de formation auprès des entreprises des arts visuels et de l’édition.

Cécile Palusinski - Le financement participatif fonctionne globalement très bien dans le secteur culturel. Les contributeurs sont motivés par le fait de partager les mêmes valeurs que le porteur de projet et par la volonté de soutenir des projets créatifs et innovants. De plus, la librairie est connectée au territoire et les libraires possèdent une base de données clientèle dans laquelle ils puisent pour trouver des contributeurs. La librairie est donc le secteur du livre qui a le plus de chances de réussir ses campagnes. Beaucoup plus, par exemple, que l’édition, qui connaît un peu moins bien son public.

Le crowdfunding est créateur d’emplois. Il permet de se créer une communauté et de se donner une visibilité : il devient une première vitrine pour des jeunes créateurs. Cela pose toutefois quelques questions, notamment celle de la frontière entre les projets amateurs et professionnels. On peut aussi se demander si le crowdfunding n’entraîne pas une possible désintermédiation, comme dans la chaîne de la musique.

Les campagnes peuvent marcher à long terme. Chez A titre d’aile, à Lyon, une association de clients a été créée après la campagne pour défendre les intérêts de la librairie. Au-delà du simple don financier, on s’aperçoit que les contributeurs veulent s’engager dans la vie de la librairie. Mais pas trop souvent non plus. Une campagne peut marcher une, deux, trois fois mais guère plus, car cela crée à force un sentiment de lassitude chez les donateurs. On assiste aussi à des financements plus réguliers et non ponctuels. La plateforme Tipeee vise à rémunérer les auteurs et les illustrateurs à long terme. Certains ont réussi, par ce biais, à dégager autour de 1 200 euros de revenus par mois.

Depuis 2014, où le gouvernement a fixé des règles pour les plateformes de financement, on observe une explosion du nombre de campagnes. Le crowdfunding est bien perçu par le public et il intervient pendant une période de baisse des financements publics. Il n’y a pas, pour le moment, de signe d’essoufflement. Bien au contraire.

Les revenus générés par le financement participatif sont à traiter au même titre que les autres revenus. Une entreprise soumise à la TVA sera assujettie à cette même TVA qui sera prélevée sur la somme collectée. Il faut également déclarer les dons perçus lors des bilans fiscaux. C. L.

26.01 2018

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