Le logiciel des mangakas à l’assaut de la bd franco-belge

Le logiciel des mangakas à l’assaut de la bd franco-belge

L’annonce de l’arrivée en France, en juin, du logiciel d’aide à la création de bd, Manga Studio 3.0, déclenche une nouvelle polémique autour du numérique dans le monde des bulles.

avec vlg Créé le 15.04.2015 à 20h04

Les dessinateurs connaissaient déjà bien les logiciels d’illustrations numériques comme Painter ou Photoshop. En voici un nouveau, et, pour la première fois, dédié exclusivement à la BD : le Manga Studio 3.0 développé par la société E-frontier, basée à Tokyo. Après le Japon et les Etats-Unis, deux versions du logiciel seront proposées dès juin sur le marché français : une pour débutants à 49 euros et une autre, professionnelle (Ex), à 299 euros, les deux étant compatibles sur mac comme sur PC.

Si Manga Studio 3.0 réunit bien tout ce qui constitue aujourd’hui le standard de la création graphique (série d’outils qui vont du crayon pour les esquisses au stylo pour les encrages), le logiciel propose-t-il de nouveaux apports ? Les convertis se montrent prolixes. Ils louent notamment : le choix offert de travailler en mode bitmap ou vectoriel, la vue type « chemin de fer » permettant une vision d’ensemble de la bd, un guide de perspectives très complet, la possibilité d’importer de la 3D, les près de 3 000 trames préinstallées, un outil de création automatisé de bulles, et surtout la sensibilité de l’outil pinceau « d’une incroyable souplesse, proche d’un pinceau en poil de martre » et avec lequel « les poils mêmes sont reproduits, comme dans la réalité », selon Arnaud Toulon, créateur de Les informaticiens (Bamboo). Au final, les usagers obtiennent une bd exportable dans le format de l’imprimeur, sans nécessité de scanner le dessin.

Le logiciel à l’épreuve

80% des créateurs de manga japonais auraient déjà recours à Manga Studio 3.0 dont la conception était destinée à satisfaire les attentes. Il s’agit maintenant d’atteindre ce « nouveau marché que représente la bd franco-belge » explique Thomas Roussel, spécialiste référent du logiciel chez E-frontier. Le défi est d’ampleur, car il s’agit ici de s’adapter à des techniques de création de bd tout à fait différentes. Plusieurs auteurs franco-belges testent actuellement la version d’évaluation, accessible à partir du site http://www.e-frontier.fr/ . Arnaud Toulon a même annoncé qu’il livrerait, en novembre, le tome 2 de sa série Les informaticiens entièrement réalisé avec ce logiciel. Pour séduire les créateurs franco-belges, des événements vont avoir lieu prochainement - sur Japan Expo notamment. Plusieurs concours commencent à s’organiser sur des forums spécialisés autour du logiciel, selon Chrystèle Mercadier, en charge du marketing chez E-frontier.

Le pari d’E-frontier ne semble pas pour autant gagné d’avance : certains artistes travaillant en numérique n’y voient qu’ « un Photoshop spécialisé », quand beaucoup d’autres restent encore attachés au rough papier et/ou à l’encrage traditionnel. Mais il pourrait faire des émules : avec le web 2.0., le Manga Studio 3.0 pourrait trouver ses parts de marché chez les dessinateurs et scénaristes en herbe.

15.04 2015

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