3 janvier > Jeunesse France > Ramona Badescu et Amélie Jackowski

Une petite chauve-souris vit tout en haut, tout en haut d’un arbre. Suspendue à une branche, elle se bascule d’avant en arrière. Position propice à la réflexion, s’il en est. "A l’endroit et à l’envers, les choses ne sont pas tout à fait les mêmes", se dit-elle. "Alors peut-être est-ce pareil pour le jour et la nuit." Tout de même, ne pousse-t-elle pas le bouchon un peu trop loin ? C’était déjà compliqué pour elle de quitter la grotte noire où elle vivait à l’abri du besoin avec ses parents et ses amis, mais alors sortir le jour ! Pourtant l’idée ne cesse de la titiller. Un matin, elle se lance. Au début elle plisse sacrément les yeux pour tenir bon. Mais les points de couleur qu’elle distingue la fascinent. Alors, protégée par des lunettes noires et la couverture en patchwork qu’elle a fabriquée avec son ami l’écureuil, elle s’enhardit et va carrément au marché. Mais qui vole ainsi au-dessus d’eux, en zigzag et paré de mille couleurs, se demandent les animaux qui font leurs courses ?

Eblouie par leurs couleurs extraordinaires, la petite chauve-souris achète force carottes, épinards et betteraves. De retour chez elle, elle essaie de les dessiner, mais sans succès. De rage, elle écrase tout sur une feuille, fraises, oranges et carottes. Résultat, elle "fait un truc qui ne sert à rien et qui ne se mange pas non plus". Une chose, à la fois drôle, belle et inutile, qui s’appelle l’art. Cette histoire tissée de fantaisie et de poésie, qui peut se lire aussi comme un conte philosophique, est née sous la plume rêveuse de Ramona Badescu. Le trait libre et sensible du dessin d’Amélie Jackowski l’accompagne délicieusement.

Fabienne Jacob

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