31 JANVIER - ROMAN France

Cyril Montana- Photo DR

Cyril Montana fait partie de ces auteurs découverts par Le Dilettante, en l'occurrence avec Malabar trip en 2003. Contrairement à d'autres, ce ne fut pas un one shot, puisque avec Carla on my mind (2005), puis La faute à Mick Jagger (2008), il a poursuivi, dans la même veine, son parcours d'écrivain générationnel et rock'n'roll. Son talent a même été remarqué par les jurés du Renaudot, qui avaient placé La faute à Mick Jagger dans leur première sélection. Cinq ans plus tard, Montana revient, chez Albin Michel, avec Je nous trouve beaux, portrait tendre et satirique d'un quadra qui ne veut pas vieillir, dans une suite de saynètes qui démontrent, malgré le temps et une certaine ascension sociale, son attachement viscéral à la "rock'n'roll attitude".

Fils de soixante-huitards demeurés babas cool dans l'âme, le narrateur se définit comme un "punk de l'immobilier". Pour enquiquiner ses parents, il a toujours aimé les uniformes, ceux des scouts ou des francs-maçons. Il a choisi l'ordre et le confort. Marié, deux chouettes enfants, il vit dans le Lubéron, commercial dans une agence immobilière, et ça marche plutôt bien pour lui. Son patron l'envoie même prospecter jusqu'à Marrakech où, au terme d'une soirée plus qu'arrosée avec son contact local, il se montrera incapable de savourer les services tarifés d'une plantureuse houri autochtone ! Car il a beau aimer sa femme et sa famille - quand son ado de fils, Jules, fait une courte fugue, il est plus qu'aux quatre cents coups -, il ne résiste pas, de temps à autre, à une petite aventure extraconjugale. Calamiteuse, en général : comme celle avec Vanessa, où il se retrouve surpris à poil par l'ex de la dame. Jaloux et violent.

Outre les femmes, présentées souvent sous un jour assez cru, voire mufle, le plus important, pour le narrateur, c'est sa famille. Ses grands-parents, et surtout sa vieille mamie, dont la mort le bouleverse. D'où une très belle scène, au cimetière, où il dénonce en public la radinerie de son père et exige que sa grand-mère soit enterrée auprès de son défunt mari. On peut être punk et avoir du coeur.

Je nous trouve beaux a un côté foutraque, écrit un peu à l'arrache, sans vraie structure, et qui se termine en queue de poisson. On signalera au passage à Montana que les "Pléiade en cuir noir" n'existent pas et que Pondichéry ne fut jamais une "colonie britannique ». Plus proche du recueil de nouvelles que du roman au sens strict, c'est aussi le livre attachant d'un écrivain original, doté d'un beau potentiel.

15.04 2015

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