2 janvier > Roman France

C’est curieux comme un roman historique peut virer à la science-fiction. Avec Alan Turing (1912-1954) pour personnage central, il fallait s’y attendre. L’inventeur de l’ordinateur et précurseur de l’intelligence artificielle avait de quoi séduire Laurent Alexandre et David Angevin, déjà auteurs de Google démocratie (2011) et Adrian, humain 2.0 (2013), deux romans d’anticipation parus chez Naïve.

Il faut dire que la vie d’Alan Turing a tout d’un roman. D’ailleurs, fin janvier 2015, le film The imitation game reviendra sur le destin exceptionnel du briseur de code qui sauva l’Angleterre en décryptant la machine Enigma, avec Benedict Cumberbatch dans le rôle du mathématicien. En guise de scénario, sa biographie suffit.

C’est surtout la fin tragique de ce génie excentrique qui a captivé Laurent Alexandre et David Angevin. Foudroyé par la bêtise puritaine, cet homosexuel contraint à la castration chimique se suicida en croquant une pomme plongée dans le cyanure. C’est du moins la version officielle. Sa mère pensait que son fils était mort parce qu’il en savait trop. Les deux compères ont repris l’hypothèse en explorant à leur façon ce trop, dans ce récit à plusieurs voix qui se déroule dans les locaux de Google avec un enquêteur qui, grâce à un casque d’immersion virtuelle, se retrouve dans la tête de Turing, à l’université de Cambridge, alors qu’officie Kim Philby, l’un des plus célèbres agents doubles de la guerre froide, lui-même surveillé par un agent du FBI envoyé par Hoover… Un historien aurait tiqué. Le lecteur, lui, sera entraîné par ce roman où presque tout est vrai, même l’invraisemblable. Laurent Lemire

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