En cette période de récession économique, le secteur culturel, et notamment la lecture publique, est souvent la première cible des coupes financières auxquelles sont contraintes les collectivités locales. En Italie, le budget global d'acquisition des bibliothèques a été diminué de moitié; au Portugal, ce budget est passé de 477 euros pour 10 000 habitants en 2009 à seulement 237 euros en 2012.

Que peuvent faire les bibliothèques pour s'adapter à cette situation nouvelle? Lors de la deuxième journée du congrès de l'association des bibliothécaires de France organisé à Lyon jusqu'à samedi, des professionnels venus de Grèce, d'Italie, de Grande-Bretagne et du Portugal ont exposé les actions qu'ils ont mis en oeuvre pour maintenir leurs missions avec toujours moins de moyens.

Le recours aux bénévoles est une solution fréquente, pour le meilleur, ou pour le pire: dans la ville de Haidari en Grèce, les bénévoles contribuent de manière significative au fonctionnement de la bibliothèque en apportant des livres dans les hôpitaux, en recherchant activement des financements. En Grande-Bretagne, en revanche, certaines municipalités n'hésitent pas à se décharger entièrement sur les habitants pour la gestion de leurs bibliothèques, ce qui constitue une menace pour la profession, a alerté Ian Anstice, bibliothécaire britannique et animateur d'un blog.

Les bibliothèques développent également la coopération et la mutualisation des moyens. Au Portugal, la bibliothèque de Sines manque de moyens financiers mais possède dans son équipe d'excellents conteurs: elle échange des séances de lecture de contes pour les enfants contre le prêt d'exposition ou autres services. L'association des bibliothécaires portugais a aussi mis en place un réseau d'échange de livres. En Italie, des librairies ont proposé aux clients d'acheter un livre pour en faire don à la bibliothèque de leur choix: plus de 100 000 ouvrages ont été achetés pendant l'opération, beau témoignage de solidarité.