Quais du polar

Les éditeurs italiens surfent sur la vague du polar transalpin

A la tribune de la joute de traduction : Christophe Mileschi, Nicola Lagioia, Serge Quadruppani et Béatrice Didiot. - Photo Olivier Dion

Les éditeurs italiens surfent sur la vague du polar transalpin

Outre les adaptations et le numérique, la journée professionnelle de Quais du polar le 6 février, a fait la part belle au roman noir venu d’Italie, pays invité de la manifestation.

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Par Claude Combet, Lyon
Créé le 09.04.2018 à 18h00

Cinq éditeurs italiens – Bompiani, Einaudi, E/O, Marsilio, HarperCollins Italie – étaient invités dans le cadre de la journée professionnelle Polar Connection, le vendredi 6 avril, premier jour du 14e Festival Quais du polar, qui s’est déroulé à Lyon du 6 au 8 avril. La rencontre sur "L’édition de polar en Italie" a été l’occasion de faire un bilan du genre dans la péninsule, annonçant comme en France, la fin de la vague scandinave et un renouveau du roman noir transalpin.  
 
Comme l’a constaté Flavia Vadrucci, de Marsilio éditori, éditeur de Millenium, "la vague scandinave est terminée et il s’agit d’ouvrir sa collection à d’autres territoires", tous les éditeurs présents se sont accordés sur le renouveau du genre en Italie, sous la figure tutélaire d’Andrea Camilleri, et pas uniquement dans le registre régionaliste où on aimerait le cantonner. Mafia, corruption des politiques, trafic de drogue, traitement des déchets: le polar italien s’est largement inscrit dans la tradition du roman noir français et revendique l’héritage de Jean-Patrick Manchette et du Méditerranéen Jean-Claude Izzo. Des auteurs comme Carlo Lucarelli, Giancarlo de Cataldo (magistrat et auteur de Romanzo criminale, adapté au cinéma), Massimo Carlotto font partie de ces auteurs de romans noirs remarqués, traduits dans le monde entier et adaptés au cinéma.

Roberto Saviano et son Gomorra ont aussi nourri cette vague de romans noirs qui dénoncent la mafia et ses agissements à l’image de Mimmo Gangemi, invité de Quais du polar, dont "le petit juge" (publié au Seuil) est désormais célèbre. "Parce qu’ils pensaient qu’un auteur parlerait mieux de ce qu’ils faisaient", l’écrivain Piergiorgio Pulixi est intervenu pour les éditions e/o. "Massimo Carlotto a créé la collection "Sabot/age", en 2011, parce que la mafia est partout. C’est très dur pour les journalistes de dire la vérité sur le crime organisé et ses liens avec les politiques, alors que les auteurs peuvent dénoncer plus facilement sous le couvert de la fiction" a-t-il expliqué.

Les racines dans l'opéra

Qu’est-ce qui séduit le lecteur dans cette nouvelle génération d’auteurs? "En Italie, les textes les plus populaires sont les livrets d’opéra, qui parlent de sentiments, d’amour, de jalousie. Les auteurs de polars ont récupéré les fondements de la littérature populaire: leurs commissaires ne résolvent pas des cas difficiles mais créent de l’empathie avec le lecteur à l'exemple du commissaire Rocco Schiavone d’Antonio Manzini, qui entend la voix des morts avant leur assassinat" a analysé Paolo Repetti, d’Einaudi, fondateur et directeur de la collection "Stile libero".

Au total seize auteurs italiens ont été invités par Quais du polar pour participer aux débats et signatures: Gianni Biondillo, Donato Carrisi, Gioacchino Criaco, Sandrone Dazieri, Maurizio de Giovanni, Luca di Fulvio, Giuseppe du Piazza, Mimmo Gangemi, Nicola Lagioia, Antonio Lanzetta, Carlo Lucarelli, Antonio Manzini, Gilda Piersanti, Valerio Varesi, Elena Varvello et Marcho Vichi. La joute de traduction organisée par l’ATL sur le texte – et en présence – de Nicola Lagioia, sur lequel se sont affrontés les traducteurs Serge Quadruppani et Christophe Mileschi, a fait salle comble. Tandis que Serena Bella présentait "Una marina di libri", partenaire de Quais du polar, qui devrait accueillir à Palerme en juin des auteurs français comme le fait la foire de Lepizig depuis deux ans.  
 
Parallèlement Polar Connection s’est interessé au numérique – avec notamment la présentation de différents professionnels dans l’espace professionnnel – et au cinéma. Malgré l’absence d’Ingrid Desjours et de Lindwood Barclay (pour cause de grève), qui devaient parler de leurs adaptations, Harlan Coben a fait un tabac lors de sa master class en racontant son métier de producteur.

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