5 mars > Roman France

Les désancrés, accueilli dans la collection "Continents noirs", signe le retour spectaculaire de Marie-Thérèse Humbert née à l’île Maurice et auteure d’une dizaine de livres publiés chez Stock et au Livre de poche.

Ample saga qui traverse tout le XXe siècle, ce roman déploie l’histoire de deux familles implantées en Lousiane, à partir des destins croisés de deux de leurs membres que tout aurait dû séparer : la Wasp sudiste Jane Harcourt, née Canning, et l’Afro-Américaine Abigail Dodds, quatrième des neuf enfants de Betty Dodds, cuisinière de la milliardaire famille Canning. Quand le lecteur fait la connaissance de ces deux femmes, ce sont deux vieilles dames seules, vivant à quelques kilomètres de distance. L’héritière blanche passe ses jours dans une luxueuse maison de retraite sur les rives du Mississippi, isolée par sa folie douce et sa mémoire à trous. Sa visiteuse régulière, de douze ans plus âgée, est une romancière, célèbre sous pseudonyme. Les deux héroïnes, chacune longtemps en rupture de ban, sont revenues à leur point de départ, après des années rythmées de fuites. Autour d’elles, Marie-Thérèse Humbert imbrique et enroule les trajectoires de leurs ascendants et de leurs descendants, progéniture plus ou moins légitimes plus ou moins honteuse. Dans tous les cas, des lignées hors norme.

Construit sans respect d’une chronologie linéaire, le roman visite aussi des lieux fantasmés, comme cette île de Vésania sur laquelle Abigail, Jane et leurs proches ont vécu un temps en exil, au début des années 1960. Cette "île perdue au milieu de l’océan" où l’on trouvait des "goupiols", "petits renards à queue plate, canidés d’espèce inconnue ailleurs". Une île "qui n’a peut-être jamais existé" sinon dans l’imagination de la romancière. Véronique Rossignol

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