Les Perles de la librairie s'égrènent sur Facebook

Extrait de la page du groupe Les perles de la librairie

Les Perles de la librairie s'égrènent sur Facebook

Un groupe virtuel de près de 2800 membres regroupe sur le célèbre réseau social des perles de clients des librairies. Florilège.

avec sp Créé le 15.04.2015 à 20h04

«Bonjour, je voudrais Le colonel Flaubert de Zola.» Ce type de phrase, les libraires la connaissent, en rient parfois ou en pleurent aussi. Jean-Loup Chiflet en avait même compilé certaines dans Zadig et Voltaire et autres perles de librairie (Chiflet et Cie) en mai dernier. Horay avait également publié Perles de librairies, de David Alliot, en mars. Certains ont décidé de les faire partager aux autres utilisateurs de Facebook à travers un groupe.

«Créer ce groupe était pour moi un coup de gueule, raconte Aurore Goffin, 35 ans, libraire à la Fnac à Paris. J'en avais assez des jeunes qui ne savent pas écrire “Zola”, et j'ai découvert que je n'étais pas la seule.» La jeune femme veille à ce que les propos partagés ne soient pas injurieux envers les clients. Elle aime surtout piquer des fous rires devant son écran d'ordinateur, en lisant lesdites perles.

Créé il y a trois ans, le «groupe Facebook» compte à ce jour près de 2800 membres. Libraires ou non, ils aiment lire et écrire les perles de clients et raconter des anecdotes. Bien sûr, on y découvre des noms de livres fantaisistes: «Je cherche Thérèse Requin», «Avez-vous Persée et la Police» ? Quand ce n'est pas «Les Frères Kalachnikov», ou «La bête noire de Maupassant» à la place de «La bête humaine de Zola».

L'absurde n'est pas toujours loin: «Je cherche Lorenzaccio de Shakespeare»; «Bonjour, je voudrais un livre d'un économiste qui parle d'argent»; une liste rédigée par un professeur où on lit «La Venus d'Ille de Guy de Maupassant». A nouveau, un client cherche Lorenzaccio... «en Musso Pocket»! «Les Fleurs bleues» de Baudelaire côtoient «L'avoine» de Molière.

«Vous avez le Goncourt? - Celui de l'année dernière? - Non celui de cette année, Olivier Adam»

Un libraire raconte: «Aujourd'hui on m'a demandé si on pouvait payer en tickets resto.» Un autre montre la photo d'une pancarte sur une porte de magasin où on lit: «Poussez. Si ça ne marche pas, tirez. Si ça ne marche pas non plus, c'est parce qu'on est fermé.»

Une troisième personne évoque une mère de famille qui cherche pour le lendemain Alcools d'Apollinaire pour son fils. Malheureusement, il n'y a pas d'exemplaire disponible avant la fin de la semaine prochaine. Unique solution, que la dame adopte: l'acheter en Pléiade. Pour un collégien de douze ans.

Plusieurs perles ou récits sont publiés chaque jour sur la page du groupe, et les autres membres y vont de leur commentaire, avec un humour constant. «Ce groupe est pour moi un exutoire» affirme Aurore Goffin, enjouée.

Le 20 septembre dernier, un client demande: «Vous avez le Goncourt? - Celui de l'année dernière? - Non celui de cette année, Olivier Adam». Nous l'ignorions... Un jour, un homme tend un papier avec ces mots: «Vercors, Le silence de la mer Cyrano de Bergerac - Vous voulez les deux? - Les deux quoi? - Eh bien, les deux livres... - Ah parce qu'il y en a deux!» Désignant «Cyrano de Bergerac», le client s'exclame: «Je croyais que c'était le nom de l'auteur!»

Aurore Goffin a également créé sur Facebook un groupe d'entraide pour libraires uniquement, «SOS Libraires», afin de partager des questions de travail, de recherche d'emploi et de livres. De quoi évoquer les côtés plus sérieux de la profession.

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