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Les variations Bowie

David Bowie dans les années 1980 - Photo Brian Aris/CAMERAPRESS/GAMMA RAPHO

Les variations Bowie

Alors que l’exposition "David Bowie is…" se tiendra du 3 mars au 31 mai prochain à la Philharmonie de Paris, trois livres se penchent sur l’artiste anglais.

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Par Alexandre Fillon,
Créé le 06.02.2015 à 20h00 ,
Mis à jour le 08.02.2015 à 18h25

Avant d’aller visiter l’exposition qui lui est consacrée à la Philharmonie de Paris, on prendra soin de se plonger dans trois ouvrages aussi passionnants que complémentaires autour de David Bowie, né David Robert Jones à Brixton, dans le South London, le 8 janvier 1947.

Le premier, L’ovni Bowie, est signé par un journaliste anglais, Dylan Jones. Celui-ci revient de manière documentée et intime sur une époque et un artiste à part, choisissant de se pencher sur "la flamboyante épopée de Ziggy Stardust and the Spiders From Mars". De raconter la déflagration survenue en juillet 1972 au sein d’une jeunesse et d’une nation entière, quand David Bowie interprète Starman dans l’émission "Top of the Pops" de la BBC One.

Un moment aussi marquant que le débarquement d’Elvis Presley et des Beatles. L’apparition d’un personnage sexuel, androgyne, dégageant quelque chose "d’excitant, un brin dangereux, bouleversant". Ce Ziggy Stardust, première pop star moderne. "Un messie bisexuel du beat. Un loubard aux cheveux de feu, recouvert de gloss et de mascara, affublé d’une combinaison matelassée argentée et de bottes à semelles compensées. Un étrange hybride de cosmonaute androgyne, d’Elvis gigolo et de reine du rock & roll à paillettes", résume Jones en évoquant la création d’un artiste doté d’un sens inné du pillage.

Professeur de philosophie à la New School for Social Research de New York, Simon Critchley a lui aussi pris de plein fouet le passage de Bowie à "Top of the Pops". Il avait 12 ans, sa vie venait de commencer ! Critchley confesse d’abord que, tout au long de son existence, personne ne lui a procuré autant de plaisir que David Bowie.

Il interroge ensuite le degré d’intimité qu’il ressent avec le chanteur qu’il n’a jamais rencontré, et n’a d’ailleurs pas eu le désir de rencontrer. Pas une rock star à ses yeux, quelqu’un qui a rendu depuis plusieurs décennies l’existence de ses fans "un peu moins ordinaire". Bowie, philosophie intime montre un créateur qui refuse les normes. Son génie de l’interprétation. Sa vérité "inauthentique, totalement calculée et construite" qui paraît cohérente et convainc.

On terminera la visite en beauté avec le David Bowie de Bertrand Dermoncourt qui inaugure une nouvelle collection sur le rock chez Actes Sud. Le directeur de la rédaction de Classica y croise l’homme et l’œuvre avec précision et finesse. Pour mieux cerner celui dont Morrissey disait que son don est de "faire sonner la souffrance comme une condition supérieure", on ne peut rêver meilleure entrée. Alexandre Fillon


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