2 septembre > Essai France

Il y a "les initiatrices", "les fausses dévotes séductrices", "les cougars par ennui", "les pygmalionnes", "les croqueuses de fortune", "les éconduites ", "les barbonnes " et "les toys ladies ", "les pots de colle "…., dix-huit catégories d’héroïnes de la littérature, selon la typologie établie dans le premier essai de la jeune Clélia Renucci (29 ans), aujourd’hui professeure de lettres après avoir été créatrice dans la publicité. Tous ces personnages de fiction ont en commun d’être des femmes aimant plus jeunes qu’elles. Moins des cougars, selon la terminologie contemporaine et comme l’annonce le sous-titre, c’est-à-dire des femmes ayant dépassé l’âge de procréer, prédatrices de chair fraîche, que des femmes attirées ou attirant des hommes dont elles sont plus ou moins largement les aînées. Un attrait, un fantasme réciproque et vieux comme la séduction.

Clélia Renucci piste ces héroïnes dans les classiques (Rousseau, Balzac, Maupassant, Flaubert, Marivaux, Zweig, Daudet, Colette, Constant, Sand, Zola…) où l’on trouve nombre de cougars à peine trentenaires mais aussi dans des romans plus contemporains : la pianiste SM d’Elfriede Jelinek, Les grands-mères de Doris Lessing, la Bridget Jones d’Helen Fielding…

Emaillé d’extraits, Libres d’aimer se démarque de la vision misogyne habituelle (voir les extraits de L’art de choisir sa maîtresse de Benjamin Franklin, cité par l’auteure) pour mettre en valeur avec bienveillance sinon admiration l’élan vital, la sensualité, l’audace, parfois le courage, le goût du risque et du jeu qui animent ces "vieilles" amoureuses. Mais Clélia Renucci n’occulte pas non plus le versant plus amer : le prix souvent élevé à payer pour cette liberté. Abandon, désirs frustrés, passions non consommées, opprobre sociale, mort parfois guettent les attractions hors d’âge. Dans la littérature, ces histoires d’amour-là finissent presque toujours mal. Comme les autres.

V. R.


28.08 2015

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