3 mai > Roman France > Carl de Souza

Une famille est supposée vivre une histoire commune. Or, il suffit de prendre chaque membre à part pour s’apercevoir qu’aucun ne perçoit les choses de façon identique. Voilà ce que Carl de Souza met en évidence dans son nouveau roman composé de trois cahiers. Ce Mauricien est considéré comme l’une des grandes figures romanesques de l’océan Indien (Le sang de l’Anglais, Les jours Kaya, En chute libre). "Un Rozell, c’était la seule identité qui lui importait soudain. Pourtant, un Rozell ne dit pas ses sentiments. Il mange son coup en silence", témoigne Hans. Ce garçon privilégié et naïf vit dans l’ombre d’un grand frère parti à la guerre. Cette mobilisation suscite son admiration, tout en le poussant à s’interroger sur sa propre place dans le clan. Lui qui fait partie des nantis mauriciens a-t-il aussi un combat à mener?

Bientôt sa famille est touchée par une tragédie, dont les ricochets atteindront les générations suivantes. C’est d’ailleurs sa fille, Noémie, qui reprend le fil de l’histoire. Réfugiée dans les livres, elle déteste sa mère, responsable de l’avoir arrachée à sa terre natale. "Tout ce qui se décidait s’écrivait d’avance par nos actes, de cette vie ou d’une précédente. Moi non plus, je n’avais aucun pouvoir sur ma vie, prisonnière que j’étais d’un passé que je ne connaissais pas." Celui-ci va se révéler peu à peu dans la plantation des Piton, qui attire les envieux, tant sa canne à sucre a bonne réputation. Mais que cachent les murs de cette somptueuse maison? Carl de Souza saisit l’amertume et la complexité insoupçonnée de ses personnages, enfermés dans les affres de leurs mirages. K. E.

Les dernières
actualités