24 août > Premier roman France > Marie Richeux

Il faut croire qu’en ce temps-là, on croyait au bonheur. Les architectes, au moins. Comme Fernand Pouillon pour qui rien ne fut jamais plus juste que la beauté, pour qui la vérité d’un ensemble était d’abord celle de sa présence au monde. Car de "Cité heureuse" à Meudon-la-Forêt en "Climat de France", cité d’Alger dévolue au rêve d’un vivre-ensemble apaisé (à l’heure, les années 1950, où tout cela sombrait déjà dans la nuit), Pouillon trimballait avec lui une manière de sourire.

Climats de France est le troisième livre - et le premier roman - de la productrice et animatrice à France Culture, Marie Richeux. Le plus ample et abouti sans doute. Une certaine Marie (qui pour tout ou partie est peut-être l’auteure, peut-être pas, peu importe) s’y promène dans les contre-allées de sa mémoire, entre Meudon et Alger, sa jeunesse et le bel aujourd’hui. Et puis les vies et le travail : le travail de Fernand Pouillon et les vies de ceux qui habitèrent ses ensembles, de ces allers-retours entre deux terres également nourricières et mystérieusement violentes, la France et l’Algérie. Marie Richeux peint tout cela, l’arrivée de Pouillon à Alger, celle du jeune Malek à Paris dans le même temps, une nuit de ses 13 ans, à Meudon, d’un trait à la fois sûr et comme estompé par des relents de délicatesse. Le motif romanesque ne se donne pas pour acquis, mais la capacité de la romancière à "incarner" ses personnages, à faire partager au lecteur les tempêtes que leur inflige l’Histoire, suffit à convaincre de sa réalité. Le monde, comme les pièces ouvertes sur la lumière de Fernand Pouillon, est un lieu vivable dès lors qu’il s’assume comme un roman. Olivier Mony

Les dernières
actualités