Longtemps, Marion Mazauric a scrupuleusement compartimenté ses deux vies. La semaine, alors directrice littéraire de J’ai lu, elle fréquente le monde de l’édition parisienne, avant de filer le week-end vers son "pays", Nîmes, et d’écumer les arènes. "Dans les grandes saisons, j’ai fait 35 courses au sein de la cavalerie d’Alain Bonijol en tant qu’alguazil", explique-t-elle. Ce personnage, drapé de noir et monté à cheval, est celui qui veille "au respect du règlement de la corrida, une sorte de flic de l’arène". Une charge qui nécessite un travail très suivi avec les chevaux, dont elle est férue depuis l’enfance. Durant quinze ans, l’éditrice vit autour de ces allers-retours constants. En 2000, pour se rapprocher de sa famille et de sa passion mais aussi pour "publier les grands artistes émergents sur le terreau des pops-cultures contemporaines", elle créé dans le Sud Au Diable vauvert. "Je n’avais absolument pas dans l’idée d’éditer des ouvrages liés aux corridas ou aux chevaux, bien au contraire, c’était mon intimité." Son travail d’éditrice est tellement prenant que la tauromachie représente une soupape de décompression. Il lui faudra lire en 2003 le manuscrit de Simon Casas, Taches d’encre et de sang, dont elle tombe amoureuse, pour accepter l’évidence : sa passion a une place dans son catalogue puisque "qu’est-ce que la tauromachie si ce n’est une culture populaire, éminemment subversive ?". Depuis, l’éditrice s’est dotée d’une ligne "Equitations, tauromachies, nature et territoires" qui lui permet de compenser la frustration d’être moins dans l’arène bien que toujours aussi proche de ses chevaux. P. L.

24.03 2017

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